mercredi 15 avril 2009

Le retour des vieux démons

L’immigration bruxelloise, vue du MR

source : lepan.be

À l’occasion d’un débat sur l’évolution démographique de la capitale, le MR bruxellois a montré un visage visiblement répulsif pour les autres partis. La preuve qu’une coalition avec les bleus est définitivement impossible ?

Ça se passe en séance plénière le 3 avril dernier. Le chef du groupe Ecolo Yaron Pesztat interpelle le Ministre-président Charles Picqué (PS) sur « les prévisions du Bureau du Plan en matière de démographie bruxelloise » : « (…) Rien de neuf sous le soleil : Bruxelles continue de perdre ses habitants. Si la population s’accroît néanmoins depuis quelques années et va continuer d’augmenter, “c’est en raison de l’entrée importante d’immigrés et d’un taux de fécondité des étrangers élevé” (dixit le Bureau du Plan). Le langage des statisticiens, en l’occurrence ceux du Bureau du Plan, est parfois cru, mais il a au moins l’avantage de la clarté. Il ne m’appartient évidemment pas de commenter la crudité de tels propos, d’autant qu’il s’agit de réalités démographiques, mais je tiens quand même à dire que cette venue annoncée d’un grand nombre d’immigrés, notamment extra-européens, constitue à nos yeux une richesse. Nous croyons en l’intérêt de la diversité pour la richesse sociale de la Région bruxelloise ». Mais, poursuit le Vert, cette évolution démographique crée des défis en termes de logement, d’emploi, d’accueil de la petite enfance, etc.


Trop de politiquement correct


La réformatrice Marion Lemesre se joint au débat : « (…) Comme si les flux migratoires incontrôlés étaient une véritable fatalité pour Bruxelles, avec les conséquences que cela implique, comme le départ des classes moyennes ! (…) L’analyse de l’immigration nous pousse à nous interroger sur le rythme du flux migratoire, qui n’a cessé de s’amplifier. La fermeture de l’immigration du travail en 1974 a eu un impact catastrophique, puisque les flux migratoires se sont poursuivis au même rythme, mais quasi exclusivement dans le cadre du regroupement familial, de l’asile, de l’immigration clandestine et des régularisations. (…) Face aux carences et au renoncement des autorités publiques, enfermées par la force d’idéologies ou de tabous - le politiquement correct empêche de poser certaines questions -, une partie de l’opinion publique est inquiète et perçoit l’immigration comme un problème épineux, voire une menace pour l’emploi, sa sécurité, son mode de vie et les valeurs auxquelles elle est attachée ». Clair, net, précis : Sarko n’aurait pas mieux dit.


À la mer, les pauvres !


La majorité réagit comme un seul homme. Avec Céline Delforge (Ecolo) : « Vous insinuez donc que l’immigration cause l’insécurité ! (…) Nous avons compris votre propos, Mme Lemesre ; plus de pauvres, plus de problèmes ! » ; ou Rachid Madrane (PS) : « Renvoyons-les en charter ! ». Lemesre s’échauffe : « Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Le débat sur l’immigration a trop longtemps été accaparé par deux idéologies extrêmes : l’immigration zéro et celle de l’ouverture sans limite des frontières ». Re-Rachid Madrane : « Vos arguments sont ceux que nous entendons à l’extrême-droite. (…) Vous ne voulez pas voir la réalité de la discrimination raciale et ethnique ». Re-Céline Delforge : « Vous trouvez qu’il n’y a pas assez d’illégaux dans les mers au large de l’Italie ? ». Sur son banc, le Vlaams Belang boit du petit lait, en particulier l’ex-commissaire schaerbeeko-islamophobe Johan Demol.


La faute à Zapatero


Marion Lemesre tente de se dépatouiller : « C’est justement ce signal-là qu’il ne faut pas donner. Il ne faut pas faire en sorte que des gens en déshérence, en grande souffrance dans leur pays, se lancent à travers la mer, notamment en raison de signaux de régularisations massives, donnés entre autres par M. Zapatero ». Céline Delforge : « C’est à cause des mesures de restriction aux accès qu’ils sont obligés de prendre ces risques ! C’est ainsi qu’on retrouve des enfants morts, échoués sur les plages. C’est parce qu’on a fermé nos frontières ». Re-Marion Lemesre : « M. Zapatero, en Espagne, a provoqué le départ de milliers de pauvres gens qui sont morts en voulant traverser la mer et rejoindre les Canaries. C’est la conséquence de la politique de M. Zapatero, qui a donné un mauvais signal en termes de régularisations massives. C’est pourquoi, le MR reste attentif à la régularisation au cas par cas ». Re-Céline Delforge : « Et ceux qui arrivent en Italie, c’est peut-être à cause de la politique de M. Berlusconi ? ». Lemesre conclut, toujours sous le regard ému de l’extrême-droite : « La régularisation au cas par cas se pratique en continu, en tenant compte de la réalité et de la souffrance de la personne. La question que vous abordez est essentielle, M. Pesztat. Mais vous le faites la bouche en cœur, en demandant combien de logements sociaux et de crèches supplémentaires seront construits pour répondre à une immigration non régulée et non prise en compte sérieusement, et vis-à-vis de laquelle la Région bruxelloise ne s’est pas fait entendre ».

Pas sûr qu’avec des propositions pareilles, le MR se fasse des amis pour une prochaine coalition. Et à noter qu’aucun FDF n’est intervenu dans le débat pour secourir son allié…

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