vendredi 25 septembre 2009

Islam et laïcité : une fausse opposition

Opposer l'islam à la laïcité est monnaie courante en Europe. Pour Olivier Roy, politologue au Centre d'histoire du domaine turc, il n'y a rien de fondé dans cette idée reçue et il nous l'explique.

À l'heure où la question de l'intégration de la Turquie à l'Europe se pose, Olivier Roy s'est intéressé au positionnement de l'islam face à la laïcité. « En Europe, la question de l'islam est perçue comme culturelle, à travers une langue et une culture d'origine. Alors qu'il s'agit d'une reformulation du religieux en dehors du champ traditionnel, sur des bases modernes. On observe une rupture des générations, une individualisation des prises de positions. Porter le voile relève ainsi d'une affirmation individuelle et non plus collective ».

« S'interroger sur la possibilité de cohabitation entre l'islam et la laïcité en France est une fausse question, dit Olivier Roy. C'est la pratique politique et l'histoire qui ont toujours rendu les religions compatibles avec l'organisation politique et sociale des sociétés occidentales », explique t-il. « En Europe, l'islam va s'aligner sur des courants de pensée qui existent déjà ». Le problème ne serait d'ailleurs pas spécifiquement lié à l'islam, mais ressortirait de l'évolution de la place et du rôle des religions en général dans la société.

En France, la laïcité est politique, « elle s'est construite en opposition par rapport à l'Église ». Or un phénomène politique se traduit par du juridique et non par des valeurs partagées. « Il n'y a jamais eu de consensus sur la laïcité. On peut considérer qu'il y a eu un consensus relatif sur les institutions, sur la pratique de la démocratie, mais pas sur ses valeurs. La démocratie n'a pas la même valeur pour le Parti communiste ou l'extrême droite par exemple ».


« Le modèle sur lequel s'est construit la laïcité est en crise », analyse le sociologue. Une crise par le haut avec l'intégration à l'Europe et une crise par le bas avec l'immigration et les problèmes sociaux. Les institutions qui jusqu'ici avaient fonctionné ne parviennent plus à remplir leur rôle d'intégration. Or, l'État en crise se radicalise. Cette gestion autoritaire de la laïcité, par l'adoption d'une loi sur le port du voile par exemple, renforce l'idée que la démocratie n'est pas laïque. L'attitude adoptée par la France stigmatise la façon dont l'État définit le lien social. Ainsi, en France, c'est l'État qui le crée. Alors que dans les modèles anglo-saxons, l'État ne fait qu'arbitrer. En Grande-Bretagne, une femme policier peut porter le voile et cela ne pose pas de problème : ils ne considèrent pas que la laïcité est menacée. « En fait, la France est très isolée dans sa conception de la laïcité ».


"Il y a dans le monde arabe d’aujourd’hui une laïcité de facto"


Laïcité et monde arabe

Le terme de laïcité (‘ilmaniyya) est un mot tard venu dans la langue arabe. Inutile de le chercher dans les grands dictionnaires, le Lissan el ‘arab ou le Taj el ‘arouss. Le Mounjed pour sa part l’insère dans une annexe regroupant tous les mots forgés au xxe siècle. C’est vers le milieu du xixe siècle seulement que le terme ‘ilmaniyya fait son apparition, de façon subreptice, lorsqu’il est utilisé par les hommes de la Nahda (la Renaissance arabe) pour plaider la cause d’une distinction entre les pouvoirs religieux et civils. Ils entendaient séparer la religion, comme croyance personnelle et privée, de la politique, comme sphère publique non discriminatoire, traduisant ainsi le slogan qui, depuis, a fait son chemin « La religion est affaire de Dieu et la patrie nous concerne tous. » Ils induisaient par là-même le rejet du sultan ottoman, qui se voulait calife et chef spirituel et politique de tous les musulmans où qu’ils soient.
Les hommes de la « Renaissance »

Le mot ‘ilmaniyya apparaissait tantôt à côté de nahda (renaissance et résurgence), tantôt à côté de tanwir (illuminisme), ou encore de huriyya (liberté). Il s’inscrivait dans ce cortège de concepts nouveaux destinés à inaugurer les temps modernes. Qu’on pense, par exemple, à la signification qu’a pris le mot liberté sous l’effet de la Nahda. Le mot Hurr désignait l’affranchi, celui qui est libéré de sa condition de servitude, d’esclave. A partir de cet adjectif, on créa huriyya qui a vu son champ sémantique s’élargir et rejoindre les idéaux de la Révolution française de 1789.

Mais toutes ces expressions se propageaient au sein d’une société encore largement tribale où les structures relevaient du patriarcat – le pater familias disposant de droits démesurés sur tous les membres de sa famille. L’analphabétisme s’étendait à toutes les couches de la société et les écoles commençaient à peine à fleurir.

L’apparition, dans un tel contexte, du mot ‘ilmaniyya (laïcité) n’est pas évidente. Il a suscité un véritable débat étymologique dont on doit tenir compte pour mesurer toute sa nouveauté. Devait-on lire ‘ilmaniyya, avec un « i » à la première syllabe, le faisant dériver de ‘ilm qui est l’un des degrés de la connaissance, la science ? Ou avec un « a » (et non point un « i » à la première syllabe), ‘almaniyya provenant de ‘alm, à savoir le monde séculier, issu du laïkos grec et correspondant au secularism anglais ? A elle seule, cette morphologie du mot a suscité la fatwa d’un mufti libanais, le cheikh ‘Abdallah al- ‘Alailli. Dans cette société patriarcale et tribale tout à la fois, « laïciser le pouvoir » signifierait non seulement le rejet de la référence religieuse mais la remise de ce pouvoir aux mains des hommes et plus particulièrement aux hommes de la science moderne, aux techniciens et aux scientifiques.

C’est surtout l’adjectif ‘ilmani (laïque) qui fut sollicité pour dénigrer certaines instances civiles, que le libanais Farah Antun voulait soustraire à l’autorité religieuse. Mohammad ‘Abduh, de son côté, parle du calife comme d’« un gouverneur civil à tous égards ». Très rapidement, l’adjectif ‘ilmani (laïque) devint synonyme de madani (civil) et se substitua à lui. ‘ilmani (laïque) devint une sorte de prescription civile, qui ne tarda pas à concrétiser une revendication politique essentielle à la Nahda (la Renaissance arabe).

Dès lors, le terme de laïcité n’a cessé de soulever autour de lui une impressionnante série d’interrogations, d’enjeux et de choix : sur l’identité, la nationalité, la citoyenneté, l’appartenance et l’intégration dans le corps même de l’Umma. Très rapidement, l’expression a pris une extension impressionnante, cristallisant toutes les revendications d’une Renaissance.
La citoyenneté pour les chrétiens

Pour le chrétien d’Orient qui ne posait pas de problèmes d’intégration, mais qui voulait être reconnu dans sa différence religieuse, la laïcité lui ouvrait les portes de la citoyenneté, une pleine citoyenneté lui permettant de devenir un acteur véritable dans sa société. Le voilà reconnu comme membre à part entière dans cet Orient arabe dans lequel il est présent depuis toujours. Une véritable dynamique d’insertion se met en place, favorisant sa participation effective aux affaires publiques. Il est débarrassé de sa condition de dhimmi, dans laquelle il était confiné depuis des siècles.

Sans mettre en avant leur religion, les chrétiens de la Nahda ont compris qu’ils avaient tout à gagner en articulant laïcité et citoyenneté. Etre chrétien n’exclut pas le fait d’être citoyen arabe, jouissant de ces droits que la nationalité arabe octroie à chacun. Ainsi la laïcité se libère-t-elle du carcan confessionnel et, au lendemain de l’indépendance, la Syrie est le premier pays arabe à supprimer la mention de l’appartenance religieuse sur les nouvelles cartes d’identité syriennes. L’identité construite jusqu’alors sur la religion se voit renforcée de nouvelles garanties juridiques qui découlent de la citoyenneté. Appartenir à la communauté culturelle arabe permettra aux chrétiens arabes de se saisir mieux de leur spécificité, au sein du pays auquel ils appartiennent. Arabes culturellement, chrétiens confessionnellement, irakiens, égyptiens ou syriens politiquement : telle est la formule, l’étiquette sous laquelle le chrétien arabe situe l’environnement dans lequel il vit. Un ordre de priorité identitaire est mis au jour, en pointant sur l’importance de la communauté. Sati’ al-Husri, un des idéologues du nationalisme arabe, va jusqu’à dire : « L’arabité n’appartient pas en propre aux fils de la péninsule arabe, ni aux seuls musulmans, elle concerne tout individu appartenant à un pays arabe et parlant l’arabe, qu’il soit égyptien, koweïtien ou marocain, qu’il soit musulman ou chrétien, qu’il soit sunnite, ja’afarite ou druze, qu’il soit catholique, orthodoxe ou protestant [1]. »
Pouvoir religieux et pouvoir politique

Du côté musulman, les hommes de la Nahda ont rapidement perçu que l’islam était essentiellement lié au pouvoir civil et à la société civile et qu’ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient de leur vie aussi longtemps qu’ils sauvegarderaient leur islam. Un Mohammad ‘Abduh n’a eu de cesse de rappeler et d’expliquer que « pour aussi élevé que soit son rang, il n’avait aucun droit sur un autre, aussi bas que soit le niveau de ce dernier, sinon celui de donner conseil et de guider : il n’y a pas en islam, de quelque façon que ce soit, ce qu’on pourrait appeler un pouvoir religieux. Aucun surveillant entre l’homme et Dieu, sinon Dieu seul, parce que l’islam a affranchi le croyant de tout surveillant ». Rien n’empêchait, dès lors, cet islam progressiste de s’accorder et de s’harmoniser avec la laïcité ou la démocratie et les sciences modernes. Depuis le moment charismatique de sa fondation, l’islam a fait preuve de clairvoyance, de souplesse et de réalisme pragmatique en s’accommodant avec les sociétés tribales comme avec les sociétés pastorales, avec les Etats hiérarchiques et bureaucratiques comme avec les Etats mercantiles et commerciaux.

« L’islam, nous dit Sadep Galal al-Azur, s’est propagé dans toutes sortes de cultures, de sociétés et de civilisations contrastées et diverses » et « l’homo islamicus est cet homme détenteur d’une énergie impressionnante en vue de se transformer, de se modeler, d’être souple, d’interpréter, de commenter, de réviser, etc. ». « Il n’est pas étonnant que le consentement à la laïcité soit venu bien lentement, sous une forme non officielle, par « modelage » pragmatique et progressif, à pas tremblants et hésitants, grâce à des solutions de compromis, grâce à ce que les Américains appellent marriages of convenience et les Français mariage de raison, mais sans que survienne un « moment » dramatique fort, comme cela s’est passé en Turquie. Le président Gamal Abdel Nasser, à mon avis, avait la possibilité d’oser avec succès un tel pas exceptionnel et audacieux au moment où il nationalisa le canal de Suez. Mais il ne l’a pas fait et, en réaction à tout cela, survint alors ce reflux dramatique pour le monde arabe qui prit la forme du fondamentalisme islamique, de la reviviscence religieuse islamique, de la rébellion fondamentaliste armée, etc. ».
Notre débat

Quant à la question d’aujourd’hui : « Quelle est votre définition de la laïcité ? », l’islam issu de la Nahda répond : « C’est avant tout une réflexion au sujet de ce qui est relatif pour mieux distinguer le relatif de l’absolu [2]. » Pour le Dr Muhammad Rida Muharram, « la laïcité est ce qui place le pouvoir politique parmi les réalités de ce monde et le pouvoir religieux parmi les réalités divines ». Nasr Hamid Abû Zayd ajoute dans sa Critique du discours religieux : « La laïcité n’est essentiellement que la véritable interprétation et la compréhension scientifique du phénomène religieux. » Et encore Faraj Fawdah : « Le régime sécularisé tient sa loi de la constitution et s’efforce à pratiquer la justice par l’application de la constitution. Il adhère à la loi de la Charte des droits de l’homme. »

Autant de déclarations qui témoignent que la laïcité a fait du chemin depuis le début de la Nahda et qu’elle est l’objet de recherches et de débats. Il y a, en effet, dans le monde arabe d’aujourd’hui une laïcité de facto, ni tout à fait reconnue, ni tout à fait déniée, une laïcité incertaine, insuffisante et improbable, réduite à une sorte de concept qui circule mais sans épaisseur et sans réalité effective. Un effet de langage têtu et tenace qui provoque l’irritation et la peur de l’islamiste mais aussi la recherche et l’approfondissement de l’intellectuel, héritier de la Nahda.

Faut-il éliminer de la réflexion philosophique le mot d’ordre de laïcité, pour lui substituer les concepts de démocratie et de rationalisme, qui disent de façon plus adéquate les nécessités de la société arabe : une démocratie qui garantit à la fois les droits des individus et des groupes, un rationalisme qui signifie une pratique politique émanant de la raison et de ses critères de logique et de morale ? C’est notre débat aujourd’hui.
Notes

Habib Moussalli

1 Al Husri (Sati’), Al ‘Uruba awwalan (L’arabité d’abord), Beyrouth, 1955, p. 14.
2 Dr. Murad Wahbah, revue Ibda‘, n° 6, 1992, p. 6.

Un lieu de prière fictif suscite la colère de musulmans

Ce qui ont fait fermer cette exposition on commis une grave atteinte à la liberté d'expression et de création. Comme laïc cela me choque profondément, cela vaut aussi permettre aux islmophobes de tous poils de s'en donner à cœur joie.
Nous les laïcs de culture musulmane ne devrions jamais laisser ce genre de choses car cela ne fait que renforcer les clans du clash des civilisations càd : d'un côté les laïcistes éradicateurs et de l'autre certains obscurantistes musulmans qui s'autoalimentent de leur haine respectives. Rendant les propos des laïcs musulmans inaudibles car pour les laïcistes éradicateurs nous sommes des "intégristes cachées" et pour les obscurantistes, le fait d'être laïc équivaut à une excommunication!



Un lieu de prière fictif suscite la colère de musulmans


L’installation de l’artiste français Mehdi-Georges Lahlou interrogeait la place de la femme dans l’Islam. Elle représentait un lieu de prière, au milieu duquel se trouvait une paire de talons aiguilles rouges. Elle a été démontée plus tôt que prévu après avoir provoqué l’indignation et la colère de certains musulmans.


Un lieu de prière fictif suscite la colère de musulmans

Cette reconstitution d’un espace de prière musulmane, dans laquelle on trouve des escarpins à talons, suscite l’indignation de personnes issues de la communauté musulmane, selon le gestionnaire de la galerie, Olivier Dejong. L’oeuvre de Mehdi-Georges Lahlou, recouverte ces derniers jours d’un panneau noir, aura été démontée plus tôt que prévu.

« L’installation ’Cocktail, ou autoportrait en société’ est une reconstitution d’un espace de prière musulmane, représenté à l’infini », a expliqué l’artiste français Mehdi-Georges Lahlou. « Une trentaine de tapis de prière sont disposés au sol en direction de la Mecque. Devant chaque tapis est placée une paire de chaussures masculines, qui représente l’homme’ en prière. Au milieu, sur un tapis vert, est disposée une paire de chaussures rouges brillantes à talons. Dans ma pratique, j’utilise très souvent ce seul stigma féminin pour me ’travestir’ et donc questionner ma sexualité », a confié Mehdi-Georges Lahlou.

« Les membres de la communauté musulmane identifieraient donc à première vue les chaussures rouges à une femme ou une prostituée qui serait en prière parmi les ’hommes’, ce qui est perçu comme un acte contre l’Islam », a ajouté l’artiste français. Celui-ci a déploré l’incompréhension à l’égard de son oeuvre, qui vient selon lui du fait que le titre ne soit pas lu. « ’Autoportrait en société’ laisse entendre que les escarpins rouges représentent l’artiste. Plus qu’une prostituée, c’est un travesti qui est représenté », a expliqué Mehdi-Georges Lahlou.

Vitrine abîmée

« La vitrine abritant l’installation a été la cible de jets de pierres et de crachats à plusieurs reprises et a même été ébréchée », a indiqué le gestionnaire de la galerie. Recouverte d’un panneau noir ces derniers jours, l’installation aura été démontée quelques jours plus tôt. « Il était de toute façon prévu de placer une nouvelle oeuvre lundi, mais nous aurions préféré enchaîner directement avec la nouvelle installation », a ajouté Olivier Dejong.

(belga)


jeudi 24 septembre 2009

Moi, Mustapha Kessous, journaliste au "Monde" et victime du racisme

"Ça fait bien longtemps que je ne prononce plus mon prénom quand je me présente au téléphone"

rice Hortefeux a trop d'humour. Je le sais, il m'a fait une blague un jour. Jeudi 24 avril 2008. Le ministre de l'immigration et de l'identité nationale doit me recevoir dans son majestueux bureau. Un rendez-vous pour parler des grèves de sans-papiers dans des entreprises. Je ne l'avais jamais rencontré. Je patiente avec ma collègue Laetitia Van Eeckhout dans cet hôtel particulier de la République. Brice Hortefeux arrive, me tend la main, sourit et lâche : "Vous avez vos papiers ?"

Trois mois plus tard, lundi 7 juillet, jour de mes 29 ans. Je couvre le Tour de France. Je prépare un article sur ces gens qui peuplent le bord des routes. Sur le bitume mouillé près de Blain (Loire-Atlantique), je m'approche d'une famille surexcitée par le passage de la caravane, pour bavarder. "Je te parle pas, à toi", me jette un jeune homme, la vingtaine. A côté de moi, mon collègue Benoît Hopquin n'a aucun souci à discuter avec cette "France profonde". Il m'avouera plus tard que, lorsque nous nous sommes accrédités, une employée de l'organisation l'a appelé pour savoir si j'étais bien son... chauffeur.

Je pensais que ma "qualité" de journaliste au Monde allait enfin me préserver de mes principaux "défauts" : être un Arabe, avoir la peau trop basanée, être un musulman. Je croyais que ma carte de presse allait me protéger des "crochets" balancés par des gens obsédés par les origines et les apparences. Mais quels que soient le sujet, l'endroit, la population, les préjugés sont poisseux.

J'en parle souvent à mes collègues : ils peinent à me croire lorsque je leur décris cet "apartheid mental", lorsque je leur détaille les petites humiliations éprouvées quand je suis en reportage, ou dans la vie ordinaire. A quoi bon me présenter comme journaliste au Monde, on ne me croit pas. Certains n'hésitent pas à appeler le siège pour signaler qu'"un Mustapha se fait passer pour un journaliste du Monde !"

Ça fait bien longtemps que je ne prononce plus mon prénom lorsque je me présente au téléphone : c'est toujours "M. Kessous". Depuis 2001, depuis que je suis journaliste, à la rédaction de Lyon Capitale puis à celle du Monde, "M. Kessous", ça passe mieux : on n'imagine pas que le reporter est "rebeu". Le grand rabbin de Lyon, Richard Wertenschlag, m'avait avoué, en souriant : "Je croyais que vous étiez de notre communauté."

J'ai dû amputer une partie de mon identité, j'ai dû effacer ce prénom arabe de mes conversations. Dire Mustapha, c'est prendre le risque de voir votre interlocuteur refuser de vous parler. Je me dis parfois que je suis parano, que je me trompe. Mais ça s'est si souvent produit...

A mon arrivée au journal, en juillet 2004, je pars pour l'île de la Barthelasse, près d'Avignon, couvrir un fait divers. Un gamin a été assassiné à la hachette par un Marocain. Je me retrouve devant la maison où s'est déroulé le drame, je frappe à la porte, et le cousin, la cinquantaine, qui a tenté de réanimer l'enfant en sang, me regarde froidement en me lançant : "J'aime pas les Arabes." Finalement, il me reçoit chez lui.

On pensait que le meurtrier s'était enfui de l'hôpital psychiatrique de l'endroit : j'appelle la direction, j'ai en ligne la responsable : "Bonjour, je suis M. Kessous du journal Le Monde..." Elle me dit être contente de me recevoir. Une fois sur place, la secrétaire lui signale ma présence. Une femme avec des béquilles me passe devant, je lui ouvre la porte, elle me dévisage sans me dire bonjour ni merci. "Il est où le journaliste du Monde ?", lance-t-elle. Juste derrière vous, Madame : je me présente. J'ai alors cru que cette directrice allait s'évanouir. Toujours pas de bonjour. "Vous avez votre carte de presse ?, me demande-t-elle. Vous avez une carte d'identité ?" "La prochaine fois, Madame, demandez qu'on vous faxe l'état civil, on gagnera du temps", riposté-je. Je suis parti, évidemment énervé, forcément désarmé, avant de me faire arrêter plus loin par la police qui croyait avoir... trouvé le suspect.

Quand le journal me demande de couvrir la révolte des banlieues en 2005, un membre du club Averroès, censé promouvoir la diversité, accuse Le Monde d'embaucher des fixeurs, ces guides que les journalistes paient dans les zones de guerre. Je suis seulement l'alibi d'un titre "donneur de leçons". L'Arabe de service, comme je l'ai si souvent entendu dire. Sur la Toile, des sites d'extrême droite pestent contre "l'immonde" quotidien de référence qui a recruté un "bougnoule " pour parler des cités.

Et pourtant, s'ils savaient à quel point la banlieue m'était étrangère. J'ai grandi dans un vétuste appartement au coeur des beaux quartiers de Lyon. En 1977, débarquant d'Algérie, ma mère avait eu l'intuition qu'il fallait vivre au centre-ville et non pas à l'extérieur pour espérer s'en sortir : nous étions parmi les rares Maghrébins du quartier Ainay. Pour que la réussite soit de mon côté, j'ai demandé à être éduqué dans une école catholique : j'ai vécu l'enfer ! "Retourne dans ton pays", "T'es pas chez toi ici", étaient les phrases chéries de certains professeurs et élèves.

Le 21 décembre 2007, je termine une session de perfectionnement dans une école de journalisme. Lors de l'oral qui clôt cette formation, le jury, composé de professionnels, me pose de drôles de questions : "Etes-vous musulman ? Que pensez-vous de la nomination d'Harry Roselmack ? Si vous êtes au Monde, c'est parce qu'il leur fallait un Arabe ?"

A plusieurs reprises, arrivant pour suivre un procès pour le journal, je me suis vu demander : "Vous êtes le prévenu ?" par l'huissier ou le gendarme en faction devant la porte du tribunal.

Le quotidien du journaliste ressemble tant à celui du citoyen. Depuis plusieurs mois, je cherche un appartement. Ces jours derniers, je contacte un propriétaire et tombe sur une dame à la voix pétillante : "Je m'appelle Françoise et vous ?" "Je suis M. Kessous ", lui répondis-je en usant de mon esquive habituelle. "Et votre prénom ?", enchaîne-t-elle. Je crois qu'elle n'a pas dû faire attention à mon silence. Je n'ai pas osé le lui fournir. Je me suis dit que, si je le lui donnais, ça serait foutu, qu'elle me dirait que l'appartement avait déjà été pris. C'est arrivé si souvent. Je n'ai pas le choix. J'hésite, je bégaye : "Euhhhhh... Mus... Mustapha."

Au départ, je me rendais seul dans les agences immobilières. Et pour moi - comme par hasard - il n'y avait pas grand-chose de disponible. Quand des propriétaires me donnent un rendez-vous pour visiter leur appartement, quelle surprise en voyant "M. Kessous" ! Certains m'ont à peine fait visiter les lieux, arguant qu'ils étaient soudainement pressés. J'ai demandé de l'aide à une amie, une grande et belle blonde. Claire se présente comme ma compagne depuis cet été et fait les visites avec moi : nous racontons que nous allons prendre l'appartement à deux. Visiblement, ça rassure.

En tout cas plus que ces vigiles qui se sentent obligés de me suivre dès que je pose un pied dans une boutique ou que ce vendeur d'une grande marque qui ne m'a pas ouvert la porte du magasin. A Marseille, avec deux amis (un Blanc et un Arabe) - producteurs du groupe de rap IAM -, un employé d'un restaurant a refusé de nous servir...

La nuit, l'exclusion est encore plus humiliante et enrageante, surtout quand ce sont des Noirs et des Arabes qui vous refoulent à l'entrée d'une boîte ou d'un bar. Il y a quatre mois, j'ai voulu amener ma soeur fêter ses 40 ans dans un lieu parisien "tendance". Le videur nous a interdit l'entrée : "Je te connais pas !" Il aurait pourtant pu se souvenir de ma tête : j'étais déjà venu plusieurs fois ces dernières semaines, mais avec Dida Diafat, un acteur - dont je faisais le portrait pour Le Monde - et son ami, le chanteur Pascal Obispo.

Fin 2003, je porte plainte contre une discothèque lyonnaise pour discrimination. Je me présente avec une amie, une "Française". Le portier nous assène le rituel "Désolé, y a trop de monde." Deux minutes plus tard, un groupe de quinze personnes - que des Blancs - entre. Je veux des explications. "Dégage !", m'expédie le videur. La plainte sera classée sans suite. J'appellerai Xavier Richaud, le procureur de la République de Lyon, qui me racontera qu'il n'y avait pas assez d'"éléments suffisants".

Que dire des taxis qui après minuit passent sans s'arrêter ? Que dire de la police ? Combien de fois m'a-t-elle contrôlé - y compris avec ma mère, qui a plus de 60 ans -, plaqué contre le capot de la voiture en plein centre-ville, fouillé jusque dans les chaussettes, ceinturé lors d'une vente aux enchères, menotté à une manifestation ? Je ne compte plus les fois où des agents ont exigé mes papiers, mais pas ceux de la fille qui m'accompagnait : elle était blonde.

En 2004, une nuit à Lyon avec une amie, deux policiers nous croisent : "T'as vu le cul qu'elle a !", lance l'un d'eux. "C'est quoi votre problème ?" rétorqué-je. Un des agents sort sa matraque et me dit en la caressant : "Il veut quoi le garçon ?" Le lendemain, j'en ai parlé avec Yves Guillot, le préfet délégué à la police : il m'a demandé si j'avais noté la plaque de leur voiture. Non...

En 2007, la brigade anticriminalité, la BAC, m'arrête sur les quais du Rhône à Lyon : j'étais sur un Vélo'v. On me demande si j'ai le ticket, si je ne l'ai pas volé. L'autre jour, je me gare en scooter sur le trottoir devant Le Monde. Je vois débouler une voiture, phares allumés : des policiers, mains sur leurs armes, m'arrêtent. Je leur dis que je travaille là. Troublés, ils me demandent ma carte de presse, mais pas mon permis.

Des histoires comme celles-là, j'en aurais tant d'autres à raconter. On dit de moi que je suis d'origine étrangère, un beur, une racaille, un islamiste, un délinquant, un sauvageon, un "beurgeois", un enfant issu de l'immigration... Mais jamais un Français, Français tout court.


Mustapha Kessous (lemonde.fr)

mercredi 23 septembre 2009

Nadia Geerts et l’islamophobie des égouts


Pour Nadia Geerts voici quelques arguments de "haut niveau" qui montrent comment quelques enfants musulmans remettent « en question des fondements de la vie scolaire, et plus largement de la vie en société » dixit Nadia Geerts

- refus par l'enfant de colorier un dessin car il s'agit d'un cochon!!!

- refus par un enfant de 1ère primaire d'écrire une addition car il y voit le signe de "Jésus"

- refus de l'autorité des enseignants et de la Direction

- refus de signer les notes du journal de classe quand ce qu’il y lit ne lui convient pas.

Et dans les commentaires on retrouve :

« J'ai connu ça en Inspection Médicale Scolaire : nous ne pouvions faire passer en même temps filles et garçons lors de la visite médicale (des petits bouts de l'école maternelle !) » Commentaire n° 1 posté par chantal

Et le plus claire :

« Intolérance, haine de la Belgique et des Belges, harcèlement, racisme anti-blancs : tout cela ne fait que confirmer la réalité de ce que j'ai vécu voici dix ans, lorsque j'étais scolarisé dans un établissement à forte population maghrébine, au centre de Bruxelles.
J'aurais dû écouter les mises en garde du proviseur qui m'avait prévenu qu'il y avait beaucoup d'étrangers dans son école : j'y suis rentré sympathisant du FDF et j'en suis ressorti avec ma carte du FN. » Commentaire n° 2 posté par Georges-Pierre Tonnelier


NB : j'ai gardé des copies des écrans au cas où...


dimanche 20 septembre 2009

Voile islamique : la curée

Billet posté le dimanche 20 septembre à 13:43 par Henri Goldman.

La curée, je vous dis. On a sorti la grosse artillerie. De tous les côtés, ça déferle. Chaque péripétie est montée en épingle en la coupant de son contexte. Ainsi, la nouvelle héroïne s’appelle Karin Heremans, la préfète de l’Athénée d’Anvers. La mort dans l’âme, après avoir longtemps plaidé pour que l’école puisse accueillir tous les élèves sans les contraindre, elle a dû changer son fusil d’épaule et promulguer l’interdiction. Dans le camp des éradicateurs, on triomphe. Même Karin Heremans a du se rendre à l’évidence : sans interdiction du voile à l’école, la situation est ingérable.

Mais qu’est-ce qui est ingérable? Écoutons Karin Heremans jusqu’au bout. Elle a vu le nombre de ses élèves musulmanes portant le hijab augmenter à une vitesse exponentielle, au fur et à mesure que les écoles voisines décidaient de l’interdire dans leurs murs et que les élèves concernées refluaient vers les écoles, de plus en plus rares, qui l’acceptaient encore. Pour l’Athénée d’Anvers, l’équilibre était rompu, la pression était devenue trop forte. suite

Au Maroc, haro sur les "dé-jeûneurs", rebelles du mois de ramadan


Si le ramadan ne se terminait pas bientôt, je recommencerais. Et l'année prochaine, s'il le faut, je le referai." Zineb El-Rhazoui, 27 ans, a de la constance. Fin août, aux premiers jours du ramadan, la jeune femme et une amie pédopsychiatre de 34 ans, Ibtissam Lachgar, ont créé un "groupe alternatif" sur le site social Facebook. Objectif : la défense au Maroc de "toutes les libertés. Toutes, même celles qui choquent comme la défense des homosexuels et la liberté du culte", insiste Zineb El-Rhazoui, jointe par téléphone.

Première action : en plein ramadan, synonyme de jeûne pour les musulmans, "organiser un pique-nique symbolique" - et discret - dans une forêt de Mohammedia, une ville moyenne, facile d'accès à mi-chemin entre Rabat et Casablanca. Une première dans un pays où le non-respect du jeûne est toléré, à condition de rester non ostentatoire.

Combien sont-ils à se retrouver à la gare de Mohammedia dimanche 13 septembre avec leurs sandwichs ? Sans doute guère plus d'une poignée, mais la jeune femme n'a pas le temps de compter ses "amis" car, à peine arrivée, raconte-t-elle, "des policiers - ils étaient des dizaines - nous ont interpellés, insultés, fouillés, avant de me remettre dans le train, flanquée d'agents du contre-espionnage". Zineb El-Rhazoui est actuellement recherchée par la police.

Une demi-douzaine de convives ont eu moins de chance qui ont été arrêtés à Mohammedia. Plusieurs sont toujours gardés à vue. Quelques-uns ont choisi la clandestinité.

L'affaire des "dé-jeûneurs", comme on les surnomme, est devenue une affaire d'Etat qui fait les choux gras de la presse et de la télévision. Ce sont de "jeunes inconscients qui ont voulu pêcher en eau trouble", a lancé le ministre de la communication, Khalid Naciri. "Discuter d'une liberté individuelle qui ne respecte pas l'islam ouvre la porte au non-respect de la patrie et de l'institution monarchique", a prévenu un dignitaire religieux, Abdelbari Zemzmi. Et Mustapha Ramid, le chef du groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement (PJD, islamo-conservateur), de conclure : "Nous ne pouvons accepter que des musulmans dé-jeûnent publiquement."

UN À SIX MOIS DE PRISON

Les autres partis politiques - y compris les socialistes membres de la coalition gouvernementale - ne sont pas en reste qui, après avoir été convoqués au Palais royal par un conseiller de Mohammed VI, ont dénoncé l'initiative prise par le Mouvemement alternatif pour la défense des libertés individuelles (MALI) sur Facebook.

A l'appui de leur condamnation, l'article 222 du code pénal qui stipule que "tout individu notoirement connu pour son appartenance à l'islam qui rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le ramadan" encourt une peine d'un à six mois de prison. En revanche, l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) a pris la défense des "dé-jeûneurs".

Pendant ce temps, sur Facebook, le MALI fait recette. Ils sont plus d'un millier à avoir rejoint les deux femmes fondatrices du mouvement alternatif.


Jean-Pierre Tuquoi ( lemonde.fr)
D'autres arrestations au Maroc

Je viens de recevoir ce mail du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles, qui annonce que 15 citoyens ont été arrêtés parce qu'ils ne faisaient par le ramdan !

Yassine Berrada a envoyé un message aux membres de MALI مالي؟.

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Objet : Communiqué MALI

MALI

Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles


Nous apprenons avec amertume l’arrestation et l’emprisonnement
de 15 citoyens marocains dans différentes villes du Maroc
pendant le mois de septembre 2009 (qui coïncide avec le
mois du Ramadan,période de jeûne pour les musulmans).
Ces sanctions allant d’une peine de un à six mois de
prison ferme assorties d’amendes interviennent suite
à leur arrestation en flagrant délit de nutrition en
public. La justice marocaine a fait valoir dans leur
poursuite, l’article 222 qui qualifie cet acte de délit.

Nous, militants pour les libertés individuelles, comme
reconnues dans l’arsenal juridique international des
conventions garantissantla protection des droits
fondamentaux, telles que la Déclaration Universelle
des Droits de l’Homme, le pacte international du 16
décembre 1966 relatif aux droits civils et politiques,
condamnons énergiquement la violation des textes précités,
ratifiés par l’Etat marocain. Violations qui confirment
l’inscription du pouvoir marocain dans la tradition
antidémocratique avec laquelle il n’a jamais rompu.

Tout en souhaitant aux musulmanes et musulmans du
Maroc de joyeuses fêtes de fin du mois sacré du Ramadan,
nous réclamons la relaxe immédiate de ces quinze citoyens
qui n’ont fait que jouir de leurs libertés individuelles,
et n’attentant en rien à l’ordre public.
Mali ? Qu’ai-je de différent ?


Casablanca, Le 18 Septembre 2009
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mercredi 16 septembre 2009

La laïcité n'est pas pour demain au Maroc !
Aussi bien les communautés musulmane en Europe souffre d'une Islamophobie croissante aussi bien nous devons jamais oublier les communauté religieuses non musulmane qui souffrent dans certains pays musulmans (Egypte, Irak, Algérie, etc...) et aussi les laïcs et athées qui comme dans le cas du Maroc subissent de plein fouet une législation hypocrite qui empiète sur leur vie privée.

Maroc/ramadan: six personnes accusées de tentative de rupture de jeûne
en journée

source : AFP

Un groupe de six jeunes marocains vont être traduits devant la justice pour "tentative d'incitation à la rupture du jeûne en public" durant le ramadan, a-t-on appris lundi de source sécuritaire.

Cette décision a été prise après que ces personnes dont une journaliste marocaine eurent tenté d'organiser dimanche après-midi un rassemblement à Mohammedia (80 km au sud de Rabat) en vue de "rompre publiquement" le jeûne pour protester contre une "loi qui punit la non observation du jeûne pendant le ramadan au Maroc", a ajouté la même source.

L'agence marocaine officielle de presse MAP a indiqué lundi soir de son côté que les autorités locales "ont réussi dimanche à mettre en échec une tentative de rassemblement qui devait être suivie d'une rupture publique du jeûne pour obtenir l'abrogation d'un article du code pénal".

Des journaux marocains ont confirmé dans leurs éditions de mardi cette tentative avortée de rassemblement des "non jeûneurs" à Mohammedia.

C'est la première fois au Maroc qu'un groupe de "non jeûneurs" s'affichent en public pour réclamer le droit de ne pas pratiquer le ramadan, notent les observateurs.

Les protestataires de Mohammedia revendiquent l'abrogation d'une loi marocaine qui "punit tout musulman rompant publiquement le jeûne du ramdan", avant le repas d'iftar qui marque la fin de la journée.

Cette tentative de rupture de jeûne en public a été initiée par le "Mouvement alternatif pour la défense des libertés individuelles", une association que les autorités affirment être inconnues jusqu'ici.

Le Conseil des oulémas (théologiens) de Mohammedia a pour sa part dénoncé cette action qualifiant ses auteurs "d'agitateurs".

Il s'agit d'un acte "odieux qui défie les enseignements de dieu et du prophète avec tout ce qu'il engendre comme sanction grave", affirment les théologiens dans un communiqué.

Durant le mois de ramadan, les croyants sont appelés à s'abstenir de boire, de manger, de fumer et de tout rapport sexuel, du lever au coucher du soleil.


lundi 14 septembre 2009

Interdiction du voile : Bert Anciaux pas d'accord !

L’ex-ministre flamand Bert Anciaux (SP.A) est opposé à la décision du Conseil de l’enseignement de la Communauté flamande d’interdire le port du voile dans tous les établissements scolaires qui dépendent de ce réseau. Pour lui, cette initiative alimente l’extrémisme et l’intolérance.

Interdiction du voile : Bert Anciaux rejette la décision

« Une communauté qui prend une telle décision n’est pas la mienne », a écrit Bert Anciaux sur son blog.

« Je pensais et j’espérais vivre dans une communauté qui s’accommodait avec force, en toute conscience et surtout ouvertement, de la diversité comme d’une richesse… La décision du Conseil de l’enseignement de la Communauté va exactement dans le sens inverse ».

Pour Bert Anciaux, l’interdiction est perçue par de nombreux musulmans comme un « signe explicite d’exclusion et de mépris » et « agit efficacement contre les forces démocratiques au sein de l’islam en Flandre ».

Le Conseil de l’enseignement de la Communauté flamande a décidé vendredi dernier d’interdire le port du voile dans l’ensemble des établissements de l’enseignement de la Communauté flamande.

Pour l’année scolaire en cours, une mesure transitoire est prévue pour les écoles, centres et établissements qui n’avaient pas annoncé d’interdiction du port de signes distinctifs philosophiques. Une exception est accordée aux enseignants de matières philosophiques, uniquement pendant les cours. Les élèves peuvent également porter ces signes distinctifs durant les cours de philosophie.

source : Belga

vendredi 11 septembre 2009

La Belgique va exporter ses prisonniers

Alors que les Pays-Bas comptent aujourd'hui trop de prisons, c'est l'inverse en Belgique

LA HAYE Les Pays-Bas attendent toujours la décision du gouvernement belge concernant le projet de faire purger à 500 détenus belges leurs peines outre-Moerdijk.

L'absence de décision belge entraîne un retard de la fermeture de deux des huit prisons que le gouvernement néerlandais veut fermer dans les prochaines années, a indiqué jeudi la Secrétaire d'Etat à la Justice, Nebahat Albayrak, devant la Chambre à La Haye.

Alors que les Pays-Bas comptent aujourd'hui trop de prisons, c'est l'inverse en Belgique, c'est pourquoi le projet d'envoyer là-bas 500 prisonniers flamands est né, d'autant plus que les syndicats néerlandais et le personnel (1.200 emplois sont menacés par la fermeture des prisons) s'opposent aux fermetures.
source : La Dernière Heure

jeudi 10 septembre 2009

Bruxelles offre un tapis de fleurs à Tel-Aviv

Dans le cadre des festivités du 100e anniversaire de la création de Tel-Aviv, des dizaines de milliers de dahlias et de bégonias belges décoreront, du 14 au 17 septembre, la place Itzhak Rabin – l’esplanade la plus importante de la « Ville blanche » israélienne. Ce tapis de fleurs, offert par la ville de Bruxelles, est inspiré par celui qui orne régulièrement la Grand-Place. Pour l’occasion, une équipe de quatre spécialistes belges sera envoyée en Israël pour procéder à l’installation des bulbes.
C’est la première fois qu’un tel évènement culturel se déroulera à Tel-Aviv où la municipalité prévoit une fréquentation importante sur cette place qui peut absorber jusqu’à 50.000 visiteurs en même temps. Outre le maire de Tel-Aviv Ron Huldaï, le bourgmestre de Bruxelles Freddy Thielemans et l’ambassadeur de Belgique Bénédicte Frankinet inaugureront la manifestation.

Les responsables israéliens considèrent le tapis de fleurs offert par Bruxelles comme l’« un des évènements phares » des célébrations de la création de Tel-Aviv. L’idée de rendre hommage à la BD belge en décorant des façades de la place Rabin de dessins de Spirou et de Tintin avait aussi été étudiée mais a été abandonnée, notamment pour des raisons budgétaires. Abandonné également, le projet de transformer en « petit Bruxelles » la fameuse place Albert, un endroit ombragé situé dans un quartier chic de Tel-Aviv et dédié au courage du roi des Belges durant la Première Guerre mondiale.

Dans l’entourage de Ron Huldaï, on affirme en tout cas que l’idée du tapis de fleurs est « originale » et qu’elle « va cartonner auprès de la population israélienne ». La plupart des grands médias de l’État hébreu s’intéressent d’ailleurs à l’évènement et une chaîne de télévision envisage d’en faire la présentation en direct.

Serge Dumont

08.09.09
Source: Le Soir


NDLR: si vous désirez réagir, voici les adresses des (ir)responsables de cette lamentable décision :
ahmed.elktibi@ brucity.be, bertin.mampaka@ brucity.be, cabinet.ch.ceux@ brucity.be, cabinet.f.hariche@ brucity.be, Cabinet.Jean. DeHertog@ brucity.be, freddy.thielemans@ brucity.be, hamza.fassi- fihri@brucity. be, karine.lalieux@ brucity.be, Mohamed.Ouriaghli@ brucity.be, philippe.close@ brucity.be

texte proposée :

Monsieur le Bourgmestre,
Mesdames et Messieurs les Echevins,

Quelle excellente idée d'offrir un tapis de fleurs à un état d'extrême droite, religieux, raciste, qui n'a jamais respecté le droit international, les droits de l'homme, l'ONU, qui commet régulièrement des crimes de guerre....
Quand d'autres acteurs politiques dans le monde ont le courage de participer à divers formes de boycott d'Israël,
quoi d'étonnant à ce que des membres du PS belge poursuivent leur double langage habituel !?
une telle attitude est écœurante et me révulse !
Honte à vous et à tout(es) ceux/celles qui d'une manière ou d'une autre,
participent à la poursuite des agissements d'un État raciste et criminel...
et ne venez plus nous faire vos discours moralisateurs et sournois sur le danger d'importer le conflit dans nos pays:
vous en êtes les premiers acteurs qui y participez activement !!

Un Arabe "Il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes." Dixit Brice Hortefeux !

mardi 8 septembre 2009

La langue arabe chassée des classes

L'arabe, une langue d'avenir ? Les Danois y croient. Copenhague vient d'introduire, à cette rentrée, l'arabe dans les collèges. Tout en accélérant l'intégration des 10 % des 31 000 collégiens d'origine palestinienne, libanaise et irakienne, la capitale danoise veut préparer les bataillons de commerciaux qui partiront demain, espère-t-elle, à l'assaut des pays du Golfe. Un discours simple et pragmatique qui n'a pas cours en France, où l'enseignement de l'arabe, pourtant centenaire, est laissé à l'abandon par l'éducation nationale, au profit des mosquées qui ont capté la demande.

Que quelques lycées prestigieux de centre-ville regroupent des classes d'arabophones ne doit pas faire illusion. Reléguée dans les zones d'éducation prioritaire, la langue arabe ne parvient pas à quitter son ghetto. Dans l'enseignement secondaire, les effectifs sont faméliques : 7 300 collégiens et lycéens étudient la langue arabe, soit deux fois moins qu'à la fin des années 1970. Parmi ces élèves, 1 800 suivent les cours du Centre national d'enseignement à distance (CNED) et 1 500 résident à La Réunion et à Mayotte.

A l'école primaire, apprendre l'arabe passe par les cours d'Enseignement de langue et de culture d'origine (ELCO). Formalisé dans les années 1970 pour préserver "l'identité culturelle" des enfants d'immigrés, ce dispositif est confié aux pays d'origine mais contrôlé par l'éducation nationale. Avec plus de 35 000 élèves, dont 22 679 en arabe, les cours sont dispensés en dehors du temps scolaire. Le dernier rapport de l'éducation nationale consacré aux ELCO, publié en mars 2006, relève que les cours d'arabe "ne sont pas convaincants". Non qu'ils se soient transformés en cours de religion, comme les inspecteurs l'ont maintes fois entendu, mais à cause de leur piètre qualité : méthodes jugées d'un autre âge, absence de lien entre l'arabe dialectal et arabe standard, rappel constant au pays d'origine et à son régime politique...

La comparaison avec les autres langues "rares" joue en la défaveur de l'arabe. Le chinois, porté par un effet de mode qui ne faiblit pas, attire environ 15 000 élèves dans le secondaire, le portugais 12 000, le russe 14 000 et l'hébreu 7 000. Cet échec sonne, pour nombre d'arabisants, comme un symptôme du rejet des Maghrébins dans la société française. "L'enseignement de cette langue se porte aussi mal que les populations qui la parlent", résume Abdellatif Naguaoui, professeur d'arabe au lycée Alfred-Noble de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Traduire : l'arabe est aussi mal aimé que la communauté qui le parle.

Du haut en bas de la pyramide de l'éducation nationale, on déplore "un abandon de l'arabe", selon les termes de l'inspecteur général d'arabe, Bruno Levallois. En tant que langue de communication, l'arabe apparaît pourtant en plein renouveau grâce à la scolarisation massive dans les pays du Golfe, à la simplification linguistique à l'oeuvre grâce aux nouveaux médias, comme Al-Jazira.

La "frilosité" des ministres de l'éducation nationale est souvent mise en accusation par la petite communauté arabisante. Seuls Jean-Pierre Chevènement et Jack Lang échappent à l'opprobre : le premier pour son discours intégrateur porteur pour la langue, le second pour son volontarisme qui a permis la création de postes de professeurs et l'intégration de l'arabe parmi les langues vivantes du primaire, une mesure abandonnée peu après son départ.

Tous les défenseurs de la langue se remémorent comme une vexation la déclaration d'Azouz Begag. L'éphémère ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances du gouvernement Villepin avait défendu le développement de l'enseignement du chinois dans les ZEP, pour favoriser une meilleure insertion professionnelle de ces jeunes bien sûr, mais aussi les mettre au contact avec "une langue de culture". Il n'avait pas eu un mot pour l'arabe.

Benoît Deslandes, l'actuel président de l'Association française des arabisants, a conservé un souvenir blessant de sa tentative, alors qu'il était professeur, il y a quelques années, de "vendre" l'arabe à un lycée de centre-ville. "Nous n'avons pas d'Arabes ici", lui avait répondu le proviseur. "Vous avez des Anglais ?" lui avait rétorqué l'enseignant. Cette insolence lui a valu la porte.

L'expérience vécue en 2009 par l'inspecteur pédagogique régional d'arabe, Michel Neyreneuf, montre que les réticences sont toujours là. Après avoir travaillé pendant des mois, sur le terrain, à l'ouverture de classes dites bilangues (deux langues vivantes enseignées dès la sixième) dans l'Oise, il voit l'expérience repoussée d'un revers de main par le rectorat. Le motif, exprimé ouvertement ou non, étant toujours le même : proposer l'arabe, c'est prendre le risque de "stigmatiser" des collèges. D'où un double échec : cette langue ne trouve pas sa place dans les établissements en quête d'excellence et déserte les plus en difficulté.

Partout, le scénario se répète : des effectifs de collégiens qui ne permettent plus le maintien de l'enseignement de l'arabe au lycée ; des professeurs d'arabe en partie désoeuvrés (60 % d'entre eux sont remplaçants, 6 % enseignent une autre discipline) ; une absence d'offre dans les lycées professionnels ou dans les formations technologiques qui proposeraient pourtant des débouchés aux élèves maîtrisant cette langue. Jean-François Copé s'est fait l'écho de cette préoccupation, samedi 5 septembre, lors du campus des jeunes de l'UMP à Seignosse (Landes) : "Il y a des emplois en lien avec le développement économique des pays arabes, nous devrions assurer à tout jeune la possibilité d'apprendre cette langue", a déclaré le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale,

Numériquement parlant, avec 4 000 à 5 000 inscrits, le sort de l'arabe est plus enviable à l'université. Mais le public, composé pour les deux tiers d'étudiants en pleine quête identitaire, n'est pas facile, concède le directeur des études arabes et hébraïques à l'université Paris-IV, Frédéric Lagrange. Il a vu cette proportion d'heritage students, selon la formule anglo-saxonne, grossir au fil des années. Nombreux sont ceux qui viennent de filières technologiques au lycée et se retrouvent en grande difficulté sur les bans de la fac. Parmi eux, nombre de jeunes femmes qui se cherchent un avenir dans la communauté, constate l'historien Benjamin Stora, qui les côtoie à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco).

"L'enseignement de l'arabe est parasité par le sacré et tous les problèmes socioéconomiques de gens qui veulent apprendre cette langue pour se forger une identité islamique", regrette Stéphane Valters, professeur d'arabe à l'université du Havre. Quelques-un(e)s possèdent déjà des rudiments, voire plus, de la langue, apprise dans un contexte religieux. "Cela s'entend. Ils ont des intonations qui impliquent une longue pratique de la psalmodie", explique M. Lagrange.

Car si l'arabe est en crise au collège et au lycée, il est en plein boom dans les mosquées. Au Val d'Argenteuil (Val-d'Oise), l'institut Al-Ihsane, installé dans la "mosquée Renault", ainsi surnommée parce qu'elle est installée dans une ancienne usine du constructeur automobile, affiche 635 inscrits entre 5 et 16 ans pour la prochaine rentrée. "Sans publicité", se flatte Abdelkader Achebouche, son président. Il ne souffre pas du tout de la concurrence de la mosquée Dassault - installée dans un ancien entrepôt de l'avionneur - à qui l'on prête quelque 400 élèves, issus de familles d'origine marocaine, quand son institut regroupe ceux d'origine algérienne.

Dans les classes d'Al-Ihsane, les cahiers des élèves inscrits en 2008 témoignent d'un travail scolaire assidu - quatre heures par semaine avec bulletins de notes et appel aux parents en cas d'absence. Chaque cours commence par une demi-heure de Coran, l'essentiel du temps étant ensuite consacré à un cours de langue "ordinaire". "Les parents recherchent une éducation islamique, mais ils veulent aussi maintenir le lien avec le pays d'origine", explique M. Achebouche. La mosquée rassure parce qu'elle apporte à la fois le Coran, la langue et un encadrement.

Preuve que cet afflux d'élèves vers les mosquées signe un retour à la langue et aux racines, il s'observe aussi dans les associations laïques. "L'ancienne génération avait honte d'elle-même et la connaissance de l'arabe était un handicap plutôt qu'un atout. La jeune génération ne raisonne plus comme ça", observe Amar Rahaouni qui anime l'association Enfance et familles des deux rives à Pierrefitte (Seine-Saint-Denis). A Paris, l'engouement est réel pour les cours d'arabe organisés à l'Institut du monde arabe (IMA) : "Nous avons commencé avec 10 enfants de 7 à 12 ans il y a cinq ans, nous en avons 190 aujourd'hui dont un bon nombre vient de banlieue", raconte Sophie Tardy, responsable du centre de langues et de civilisation de l'IMA.

Ce repli sur les associations inquiète le monde enseignant qui regrette d'autant plus le manque de volontarisme de l'éducation nationale. "Si la langue et la culture deviennent la propriété des communautés, nous sommes mal partis", regrette Bruno Levallois. "Si on ne donne pas à leurs enfants la possibilité d'apprendre l'arabe à l'école, les familles se tourneront de plus en plus vers la mosquée", soutient Yiayha Cheikh, professeur au lycée Romain-Rolland de Goussainville.


Brigitte Perucca (lemonde.fr 8/9/2009)



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dimanche 6 septembre 2009

Les méthodes de recrutement du MOSSAD

voici le type d'articles que le Mossad aime "laisser filtrer" pour se créer une légende.

A. RECRUTEMENT

Il n’y a pas de filière de recrutement officielle au sein du Mossad. C’est la Melukah, la division chargée du profilage, qui fait le premier pas vers une recrue potentielle.

Certes, le Bureau (Hamisrad, dénomination du service à l'interne) a ouvert un site internet qui permet de poser sa candidature, mais il cible les ingénieurs et scientifiques très qualifiés, destinés à travailler au quartier-général de Nes Ziyona. Aucun personnel « combattant » ou analyste n’est recruté sur la Toile.

Ayant accès aux dossiers militaires de tous les Israéliens et Israéliennes, la Melukah peut aisément déterminer le profil qu’elle recherche, et même l’actualiser. En effet, le Mossad a le pouvoir de faire subir à ses candidats des concours de présélection maquillés en exercices militaires. Quelques fois, de jeunes appelés israéliens effectuent des examens qu’ils pensent destinés à leur commandement d’unité alors que les résultats atterrissent sur le bureau d’un officier du Mossad.

Le service sélectionne ses futurs agents selon des critères très aléatoires. Seules constantes : la citoyenneté israélienne – c’est évident – et la judéité. Le Mossad ne recrute aucun personnel qui n’est pas Juif, mais les candidats peuvent s’être convertis (à l’image de Ross). Sans exception : les bodel (« courriers », souvent des Arabes) et les mabuah (informateurs non-juifs) sont condamnés à la périphérie du système.

L’homosexualité reste officieusement bannie au sein du Mossad, mais pas pour une question de mœurs : le service craint que l’ennemi ne s’en serve comme outil de chantage à l’encontre d’un agent. Même fermeté à l’égard du statut légal : si la recrue fréquente une personne de nationalité étrangère, elle doit demander une autorisation écrite pour poursuivre cette relation ou c’est l’expulsion immédiate du service (une règle qui reste valable en cours de carrière).

Un profil original, renforcé par une expérience militaire reconnue, sont décisifs. Avant sa venue en Israël, Ross avait servi dans une division aéroportée de la Special Service Force, le corps d’élite de l’armée canadienne censé protéger le flanc nord de l’Europe en cas d’invasion soviétique (nous étions alors au milieu de la guerre froide, à la fin des années 70). Pendant trois ans, il avait participé aux exercices de l’OTAN en Scandinavie avant d’atterrir en Israël à la poursuite d’un climat méditerranéen. Engagé dans Tashal au sein d’une unité combattante (génie), il avait connu le front nord face au Hezbollah. Il disposait donc aussi bien d’une formation militaire approfondie que d’un profil universel, anglophone de surcroît, idéal pour la branche clandestine du Mossad. C’est en toute logique qu’il a finalement reçu une invitation du « gouvernement israélien », l'encourageant à poser sa candidature pour un poste « à l’étranger ».

En réalité, le billet d'entrée au Mossad n'est qu'un simple numéro de téléphone, qui change tous les deux ans.

B. PROFILAGE PSYCHOLOGIQUE


Les évaluations psychologiques font un premier tri. En voici deux exemples (leurs grilles de lecture ont été ajoutées en fin d'article) :

1. Un seul mot doit être ajouté dans l’encoche :

L’enfant ______ ses parents

Quand il est attaqué, le jeune homme ______

Le chien _________ chaque nuit

Toute histoire drôle est aussi ___________

Le soleil _________ dans le ciel

2. Fermez les yeux, et cochez un « X » dans chaque cercle d’une feuille blanche. La dimension d'origine des cercles doit être standard, mais tous ont un diamètre équidistant).


Ces examens et leurs résultats
sont ajoutés au dossier. S'ensuit une batterie d’interrogatoires imposée à la recrue :

a) sa vision du monde

b) sa situation financière

c) sa vision d’Israël (une remise en question du sionisme étant fatale)

d) son opinion sur les conflits au Moyen Orient

e) sa relation avec le sexe opposé (tout rapport conflictuel ou platonique ruinant une candidature)

f) ses projets d’avenir

g) ses opinions politiques et sociales
h) sa relation avec les figures paternelle et maternelle (tout mauvais rapport avec la parenté du même sexe suggérant une inclination du candidat à rejeter l’autorité supérieure).

Ces questionnaires sont couplés avec des séances de polygraphe (détecteur de mensonges) et une enquête sévère auprès des familles et amis de la recrue. La moindre erreur ou approximation est éliminatoire. Si l'agent passe ce niveau, il est envoyé à l'académie du Bureau à Tsomet Glilot.

Là-bas, il hérite d’un nouveau pseudonyme (Michael Ross était « Rick ») qui restera son seul code au sein du Mossad. Aucun agent ne connaît le vrai nom et la situation personnelle de ses collègues, même les plus proches. Ce cloisonnement est nécessaire pour éviter qu’un officier capturé ne révèle des informations sur les autres employés du service.

Régulièrement, le Bureau effectue des mises au point avec ses employés pour déterminer ce qu'ils savent de leurs partenaires. De ces rapports , les cadres rédigent des « SRA » (security risks assessments, évaluation des risques) remises par la suite à l'Avtahat Peylut Medinit (APM), la division de sécurité intérieure du Mossad. Celle-ci juge des mesures à prendre au cas par cas. De par son origine anglophone, Ross suscitait la curiosité au quartier-général. Alertée, l'APM décida de lui créer une fausse identité ; dès lors, et jusqu'à son départ du service, ses collègues croyaient que son vrai nom était « Murray Schwartz ».



C. EXAMENS THEORIQUES


Le contenu de la théorie enseignée à Tsomet Glilot dépend de l’affectation de l’officier. Comme aspirant à « l'Unité » (surnom de la branche clandestine, CAESAREA, à l'interne), Ross étudia des matières aussi diverses que les sciences politiques, la géographie, l’ingénierie, la balistique ou la traumatologie. Les manuels insistent particulièrement sur le domaine de la photographie ; Ross passa des heures à manier les appareils Pentax.

Durant toute la durée de ces examens, tout ce que le candidat lit, écrit ou consulte termine dans des sachets envoyés au service psychologique de l'Institut. On y travaille à cerner le mieux possible les faiblesses et qualités du candidat. A mesure que les mois passent, ces documents sont envoyés dans un sas au sous-sol du quartier-général où un broyeur les réduits en pâte à papier. Ross parle de tonnes de paperasse recyclés chaque jour.

En effet, le Mossad, comme toute agence d’espionnage, est d’abord une bureaucratie. Les recrues apprennent à gérer une somme astronomique de papiers, factures et documents administratifs. Ils étudient les systèmes d'imposition fiscale, apprennent les règles du marché immobilier, revoient les impératifs du code de la route et se familiarisent avec les différents systèmes de téléphonie des pays où ils évoluent. Il faut y ajouter les exigences de la couverture (Ross suivit un cours accéléré sur les indices boursiers). Dans un métier où le soupçon d'autrui est synonyme d'échec, l'agent apprend à ne jamais se laisser surprendre.

A cette lourde charge de travail s'ajoute la gestion des différents papiers d'identité factices (les teud). Les espions sont formés à prendre grand soin de leur unique moyen de survie. Lorsqu'il voyageait à l'étranger, Ross portait deux porte-monnaies sur lui. L'un à sa place habituelle, avec de l'argent liquide, et l'autre contenant ses papiers d'identité à l'abri, dans une poche velcro cousue à l'intérieur de sa veste.

Avant chaque opération, un agent reçoit son pekuda l’mivtza, connu sous son diminutif « pakam » : son ordre de mission. Sur ce document figurent les dates, lieux et objectifs de l'opération ; la logistique disponible dans le pays-base (non-hostile) ou le pays-cible (hostile) ; le montant des sommes allouées pour l'opération (selon Ross, le service est généreux avec ses agents), le calcul des cotisations de retraite (grâce aux primes de risques, un « combattant » touche trois fois le salaire d'un agent du quartier-général) et le soutien financier promis à la famille en cas de décès. Plus étrange est la dernière section du pakam intitulée Mikrim v’Tguvot : le chef de mission y a listé les situations fâcheuses qui pourraient résulter de l’opération, et les réactions attendues de l’agent. De cette manière, le Mossad se dédouane de toute mauvaise surprise.

Lorsqu'un agent est déployé sur un théâtre d'opérations, il a pour premier réflexe de joindre son contrôleur, un officier évoluant sous couvert diplomatique, et lui remettre son ordre de mission ainsi que le passeport avec lequel il a voyagé depuis Israël. En retour, il obtient de l'argent, une nouvelle identité et son matériel de travail. Le pakam est ensuite signé par les deux partis, comme s'il s'agissait d'un contrat. Alors, seulement, la mission peut commencer.

Dans le suivi opérationnel du service, l'obtention du pakam est un passage aussi obligé que la consultation de l'EEI, ou essential elements of intelligence. En fait, le premier naît du second. L'EEI est un bulletin diffusé chaque mois. Il détermine les besoins d'Israël en matière de renseignement. Mis à jour régulièrement par le service d'analyse, l'EEI oriente les travaux du Bureau et sert parfois d'avertissement. Ross rapporte qu'en 1993, l'EEI consacré à l'Iran notait que le Mossad n'avait plus d'agent dans le pays depuis la chute du Shah, en 1979 !


D
. EXAMENS PRATIQUES


Les premières évaluations pratiques s'attachent au fondement même du métier : la création des « légendes », telle que le Mossad nomme les couvertures qu'il fabrique pour ses agents. Invitée dans un lieu sécurisé en ville, la recrue doit se bâtir une identité crédible en quinze minutes ; elle est ensuite interrogée par des experts du Shabak, le contre-espionnage israélien.

Ross a appris à ses dépens que construire une bonne couverture n’est pas chose aisée. Par exemple, la première question piège posée par un agent de contre-espionnage à un officier du Mossad prétendant être journaliste d’Oakland, en Californie, serait « quel est votre code postal ? » ou « rappelez-moi votre indicatif téléphonique ? » En quelques minutes, la supercherie est révélée. Le Bureau apprend à ses agents à privilégier les couvertures complexes (« journaliste indépendant ») nécessitant plus de recherches que le service ennemi ne peut se permettre (« journaliste indépendant travaillant occasionnellement pour une revue étudiante d’Oakland, en Californie »).

Une fois les bases acquises, la recrue a une journée pour rédiger son autobiographie et la remettre à son superviseur. A partir de ces informations, le Bureau lui créée une identité factice plus facile à defendre parce que fondée en partie sur des éléments réels. Cette couverture élaborée est renforcée sur le terrain par l’établissement de faux numéros de téléphone et « siège social » d’organisations fantômes, établies dans des lieux de bonne réputation (Michael Ross avait monté sa base à Genève et Zürich, en Suisse).

Au cours des stages en extérieur, l'agent en formation apprend à créer, stabiliser et placer des explosifs, mais aussi neutraliser les charges placées par l'ennemi. Selon Ross, on étudie spécialement les composantes du TATP, triacetone triperoxyde, surnommé « La Mère de Satan » pour sa facilité de fabrication et son haut degré de létalité. C'est l'explosif préféré des terroristes, même si beaucoup meurent en le manipulant, le TATP étant très instable. Là encore, l'entraînement dépend beaucoup de l'affectation future (les aspirants au Kidon suivent la formation le plus pointue).

Dans des stands de tir, les bleus s'entraînent à manier l’arme de service (le Beretta) et les armes lourdes pendant des heures. Le Mossad utilise des balles à tête plate, plus violentes à l’impact, et impose le « tirer pour tuer ». Un espion étant par définition payé pour ne pas être repéré, il ne dégaine que pour abattre son adversaire. Sans exception. Par conséquent, les agents du Mossad n’utilisent virtuellement jamais leur arme. Ils compensent ce handicap par l'apprentissage du krav maga, les arts martiaux initiés par les forces spéciales israéliennes. Ross se souvient avoir été agressé « dans une ville européenne » par des « Marocains » qui voulaient le détrousser, lui et son agent de soutien, alors qu’ils contactaient leur QG depuis une cabine téléphonique. Les malfaiteurs avaient mal choisi leurs cibles : ils eurent droit à une riposte de krav maga qui les envoya à l’hôpital. Ultérieurement, le Bureau reprocha à ses deux agents d'avoir eu « une mauvaise interaction avec les indigènes » !

Les exercices élémentaires se déroulent en zone habitée et à l'intérieur de l'Etat hébreu. Le Mossad a renoncé à entraîner ses agents à l’étranger car les citoyens israéliens, vivant dans un contexte sécuritaire délicat, imitent parfaitement un environnement hautement soupçonneux. En Israël, toute personne qui se rend à une adresse sans raison ou semble observer un site attire immédiatement l’attention. Le défi est d’autant plus grand pour les recrues de l’Institut.

Elles apprennent à fréquenter les hôtels, leur premier lieu de travail.
Les bleus y sont formés à fixer des rendez-vous et étudier l'environnement qui les entourent. Selon Ross, une simple rencontre avec un contact nécessite une organisation très rigoureuse. L’agent suit une « SDR » (en l’anglais surveillance detection route). Chaque parcours est à usage unique, mais répond à des règles immuables. Pour se rendre à un lieu donné, l’agent A fait un grand détour et passe devant un « champ ouvert », c’est-à-dire une zone de vision très large qu’observe un agent B partenaire. Habituellement, il s’agit d’une terrasse de café. Si, et seulement si l’agent B a vérifié que l’agent A n’est pas suivi, ce dernier ira voir son contact. Les SDR sont monnaie courante pour l’aspirant. Au fil de l’entraînement, elles deviennent aussi banales que vérifier la route avant d’emprunter un passage pour piétons.

Dès qu'il sait semer son instructeur, l'aspirant apprend à le filer. Pour se faire, il bénéficie des conseils des neviot, les professionnels de la surveillance du Bureau.
Une filature classique demande entre trois et quatre agents pour une seule cible, de manière à permuter les suiveurs (homme+femme / homme seul / femme seule/ « famille »). Une filature motorisée exige au moins deux conducteurs derrière la voiture, un troisième au fil du parcours et, parfois, un véhicule de secours placé sur la route opposée, auquel cas la personne effectuerait un demi-tour. Ross raconte qu'il s'entraînait dans les ronds-points bondés de Tel Aviv. Les « objets » (les individus pris en filature dans le jargon du Mossad) étaient des citoyens ordinaires, sans aucun lien avec le renseignement, qui n'ont jamais appris le rôle qu'ils ont joué malgré eux dans la formation de la future élite du renseignement israélien.

Une fois les informations collectées, les recrues apprennent à protéger leur transfert vers la base. Un geste crucial, car
« une mission accomplie qui ne figure pas dans un rapport n'a pas existé » selon un adage qui circule à l'interne. Les moissons de renseignement transitent soit physiquement, par une « boîte aux lettres morte » (DLB dans le jargon), qui n'est autre qu'un lieu isolé où l'on cache des documents, soit électroniquement par voie cryptée. Tout au long de leur formation, les candidats utilisent les différentes méthodes de communication du Bureau, des plus simples (morse) aux plus complexes (télématique). Avant une opération, Ross dut étudier le langage utilisé par les pilotes des forces spéciales, rattachés à la CAESAREA pour des raisons logistiques. Grâce à un entraînement intensif, il put organiser l'atterrissage clandestin d'un gros porteur en Afrique occidentale.

Pendant les stages de formation, une grande attention est portée à l'apprentissage du Naka, le code secret qui régit la vie du Mossad depuis plus de cinq décennies. Dans le livre de code interne, « un accident » signifie que l'officier veut consulter son contrôleur de toute urgence. L'alias « Ram » renvoie au directeur général. Le dernier cran d'alerte saute avec la « lumière du jour », daglighli en hébreu. Une fois ce code diffusé, tous les agents de la filière concernée quittent le pays-cible dans les vingt-quatre heures.

Au cours d'examens oraux et écrits, les candidats doivent réciter par coeur le fonctionnement du Bureau, notamment l'utilisation des
sayanim (volontaires de la communauté juive) et des safanim (agents surveillant spécifiquement les groupuscules palestiniens à l'étranger).


E. Déploiement


Une fois greffée de
sa « légende », la recrue est envoyée à l'étranger pour un examen en situation. Les postes varient selon l'affectation (Tzipi Livni, par exemple, dut tenir une planque à Paris pendant plusieurs mois). Pendant ce travail de repérages, les cadres testent le candidat. Ils bloquent ses cartes de crédit pendant une journée, annulent un vol à la dernière minute, coupent le contact sans crier gare. A l'agent de s'adapter et prouver son indépendance sur le terrain.

Au milieu d'une ville européenne, un instructeur du Bureau évoluant sous la couverture d'un motard simula un accident et accusa Ross d'en être le responsable. La jeune recrue, qui roulait en voiture de location, tenta de calmer l'homme furibond, mais celui-ci était hors de lui : il menaçait d'appeler la police. Ross s'en sortit après négociations et ne découvrit la supercherie que des années plus tard.


F. « Capture »


Finalement, le vrai défi pour l’aspirant reste le programme « capture » qui clôt l’entraînement. Moins de la moitié des candidats y survivent émotionnellement. Il s’agit d’une simulation en temps réel d’un interrogatoire. Etant entourés de pays arabes hostiles, les agents israéliens doivent faire preuve de la plus grande rigueur mentale. Le Bureau ne fait pas mystère des conditions qui attendent ses employés : soixante-quinze agents de l'Etat juif sont morts en mission depuis 1949 pour un effectif annuel de 1'200 employés - alors que la CIA déplore, pour la même période, quatre-vingt-quatre victimes pour un personnel moyen vingt fois supérieur en nombre.

Sans compter que l'environnement immédiat du service comprend des dictatures pratiquant la répression et la torture. Ross se souvient du mot de ses instructeurs : dans les films, les agents martyrisés se taisent, mais dans la réalité, tout le monde parle ; un bon entraînement peut toutefois limiter les fuites.

Le programme « capture » est secret, et l’agent qui y est soumis ignore qu’il s’agit d’un exercice. Ross s’en souvient comme du pire moment de son existence. Par un froid après-midi de décembre, il menait une mission de repérages du côté de la vieille ville de Jaffa, au sud de Tel Aviv. Caché parmi un groupe de touristes visitant l'ancienne citadelle ottomane, il photographiait les bateaux du port lorsqu' un vieil homme s’est approché de lui en lui proposant des drogues. Ross a refusé énergiquement. Une fois rentré dans sa planque, la police israélienne est venue l’arrêter pour « trafic de stupéfiants ».

Il s’est retrouvé enchaîné, nu, dans un sous-sol, où deux policiers (en réalité des agents du contre-espionnage) l’ont brutalisé après lui avoir balancé un saut d'eau glacée en pleine figure. Pendant quarante-huit heures, privations de sommeil, gifles et humiliations se sont succédées sans le moindre répit. Au milieu de la nuit, le second jour, un agent s'est dirigé vers Ross avec des fils électriques et l'a menacé de lui griller les testicules. Mais Ross n'a pas craqué. Alors l'interrogatoire s'est terminé. Le jeune homme, frigorifié, a été expulsé du bunker sans explication.

En réalité, il avait réussi l'examen final. A aucun moment il n'a « brisé sa couverture » ; il n’a ni donné son vrai nom ni avoué qu’il était du Bureau. Nombre de ses collègues, pensant dissiper un malentendu, ont expliqué à « la police » qu’ils travaillaient pour le
gouvernement israélien, ce qui a immédiatement mis un terme à leurs projets de carrière.

Une semaine plus tard, la recrue qui a passé l'interrogatoire, son superviseur et les deux agents du contre-espionnage étudient les images de l'exercice et en débattent. Puis le dossier de l’aspirant part pour le quartier-général, où il est une nouvelle fois évalué par une commission secrète. Si le verdict est positif, la recrue devient officiellement employé du Mossad, dix-huit mois après y être entré.