dimanche 20 septembre 2009

Voile islamique : la curée

Billet posté le dimanche 20 septembre à 13:43 par Henri Goldman.

La curée, je vous dis. On a sorti la grosse artillerie. De tous les côtés, ça déferle. Chaque péripétie est montée en épingle en la coupant de son contexte. Ainsi, la nouvelle héroïne s’appelle Karin Heremans, la préfète de l’Athénée d’Anvers. La mort dans l’âme, après avoir longtemps plaidé pour que l’école puisse accueillir tous les élèves sans les contraindre, elle a dû changer son fusil d’épaule et promulguer l’interdiction. Dans le camp des éradicateurs, on triomphe. Même Karin Heremans a du se rendre à l’évidence : sans interdiction du voile à l’école, la situation est ingérable.

Mais qu’est-ce qui est ingérable? Écoutons Karin Heremans jusqu’au bout. Elle a vu le nombre de ses élèves musulmanes portant le hijab augmenter à une vitesse exponentielle, au fur et à mesure que les écoles voisines décidaient de l’interdire dans leurs murs et que les élèves concernées refluaient vers les écoles, de plus en plus rares, qui l’acceptaient encore. Pour l’Athénée d’Anvers, l’équilibre était rompu, la pression était devenue trop forte. suite

Au Maroc, haro sur les "dé-jeûneurs", rebelles du mois de ramadan


Si le ramadan ne se terminait pas bientôt, je recommencerais. Et l'année prochaine, s'il le faut, je le referai." Zineb El-Rhazoui, 27 ans, a de la constance. Fin août, aux premiers jours du ramadan, la jeune femme et une amie pédopsychiatre de 34 ans, Ibtissam Lachgar, ont créé un "groupe alternatif" sur le site social Facebook. Objectif : la défense au Maroc de "toutes les libertés. Toutes, même celles qui choquent comme la défense des homosexuels et la liberté du culte", insiste Zineb El-Rhazoui, jointe par téléphone.

Première action : en plein ramadan, synonyme de jeûne pour les musulmans, "organiser un pique-nique symbolique" - et discret - dans une forêt de Mohammedia, une ville moyenne, facile d'accès à mi-chemin entre Rabat et Casablanca. Une première dans un pays où le non-respect du jeûne est toléré, à condition de rester non ostentatoire.

Combien sont-ils à se retrouver à la gare de Mohammedia dimanche 13 septembre avec leurs sandwichs ? Sans doute guère plus d'une poignée, mais la jeune femme n'a pas le temps de compter ses "amis" car, à peine arrivée, raconte-t-elle, "des policiers - ils étaient des dizaines - nous ont interpellés, insultés, fouillés, avant de me remettre dans le train, flanquée d'agents du contre-espionnage". Zineb El-Rhazoui est actuellement recherchée par la police.

Une demi-douzaine de convives ont eu moins de chance qui ont été arrêtés à Mohammedia. Plusieurs sont toujours gardés à vue. Quelques-uns ont choisi la clandestinité.

L'affaire des "dé-jeûneurs", comme on les surnomme, est devenue une affaire d'Etat qui fait les choux gras de la presse et de la télévision. Ce sont de "jeunes inconscients qui ont voulu pêcher en eau trouble", a lancé le ministre de la communication, Khalid Naciri. "Discuter d'une liberté individuelle qui ne respecte pas l'islam ouvre la porte au non-respect de la patrie et de l'institution monarchique", a prévenu un dignitaire religieux, Abdelbari Zemzmi. Et Mustapha Ramid, le chef du groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement (PJD, islamo-conservateur), de conclure : "Nous ne pouvons accepter que des musulmans dé-jeûnent publiquement."

UN À SIX MOIS DE PRISON

Les autres partis politiques - y compris les socialistes membres de la coalition gouvernementale - ne sont pas en reste qui, après avoir été convoqués au Palais royal par un conseiller de Mohammed VI, ont dénoncé l'initiative prise par le Mouvemement alternatif pour la défense des libertés individuelles (MALI) sur Facebook.

A l'appui de leur condamnation, l'article 222 du code pénal qui stipule que "tout individu notoirement connu pour son appartenance à l'islam qui rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le ramadan" encourt une peine d'un à six mois de prison. En revanche, l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) a pris la défense des "dé-jeûneurs".

Pendant ce temps, sur Facebook, le MALI fait recette. Ils sont plus d'un millier à avoir rejoint les deux femmes fondatrices du mouvement alternatif.


Jean-Pierre Tuquoi ( lemonde.fr)
D'autres arrestations au Maroc

Je viens de recevoir ce mail du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles, qui annonce que 15 citoyens ont été arrêtés parce qu'ils ne faisaient par le ramdan !

Yassine Berrada a envoyé un message aux membres de MALI مالي؟.

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Objet : Communiqué MALI

MALI

Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles


Nous apprenons avec amertume l’arrestation et l’emprisonnement
de 15 citoyens marocains dans différentes villes du Maroc
pendant le mois de septembre 2009 (qui coïncide avec le
mois du Ramadan,période de jeûne pour les musulmans).
Ces sanctions allant d’une peine de un à six mois de
prison ferme assorties d’amendes interviennent suite
à leur arrestation en flagrant délit de nutrition en
public. La justice marocaine a fait valoir dans leur
poursuite, l’article 222 qui qualifie cet acte de délit.

Nous, militants pour les libertés individuelles, comme
reconnues dans l’arsenal juridique international des
conventions garantissantla protection des droits
fondamentaux, telles que la Déclaration Universelle
des Droits de l’Homme, le pacte international du 16
décembre 1966 relatif aux droits civils et politiques,
condamnons énergiquement la violation des textes précités,
ratifiés par l’Etat marocain. Violations qui confirment
l’inscription du pouvoir marocain dans la tradition
antidémocratique avec laquelle il n’a jamais rompu.

Tout en souhaitant aux musulmanes et musulmans du
Maroc de joyeuses fêtes de fin du mois sacré du Ramadan,
nous réclamons la relaxe immédiate de ces quinze citoyens
qui n’ont fait que jouir de leurs libertés individuelles,
et n’attentant en rien à l’ordre public.
Mali ? Qu’ai-je de différent ?


Casablanca, Le 18 Septembre 2009
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mercredi 16 septembre 2009

La laïcité n'est pas pour demain au Maroc !
Aussi bien les communautés musulmane en Europe souffre d'une Islamophobie croissante aussi bien nous devons jamais oublier les communauté religieuses non musulmane qui souffrent dans certains pays musulmans (Egypte, Irak, Algérie, etc...) et aussi les laïcs et athées qui comme dans le cas du Maroc subissent de plein fouet une législation hypocrite qui empiète sur leur vie privée.

Maroc/ramadan: six personnes accusées de tentative de rupture de jeûne
en journée

source : AFP

Un groupe de six jeunes marocains vont être traduits devant la justice pour "tentative d'incitation à la rupture du jeûne en public" durant le ramadan, a-t-on appris lundi de source sécuritaire.

Cette décision a été prise après que ces personnes dont une journaliste marocaine eurent tenté d'organiser dimanche après-midi un rassemblement à Mohammedia (80 km au sud de Rabat) en vue de "rompre publiquement" le jeûne pour protester contre une "loi qui punit la non observation du jeûne pendant le ramadan au Maroc", a ajouté la même source.

L'agence marocaine officielle de presse MAP a indiqué lundi soir de son côté que les autorités locales "ont réussi dimanche à mettre en échec une tentative de rassemblement qui devait être suivie d'une rupture publique du jeûne pour obtenir l'abrogation d'un article du code pénal".

Des journaux marocains ont confirmé dans leurs éditions de mardi cette tentative avortée de rassemblement des "non jeûneurs" à Mohammedia.

C'est la première fois au Maroc qu'un groupe de "non jeûneurs" s'affichent en public pour réclamer le droit de ne pas pratiquer le ramadan, notent les observateurs.

Les protestataires de Mohammedia revendiquent l'abrogation d'une loi marocaine qui "punit tout musulman rompant publiquement le jeûne du ramdan", avant le repas d'iftar qui marque la fin de la journée.

Cette tentative de rupture de jeûne en public a été initiée par le "Mouvement alternatif pour la défense des libertés individuelles", une association que les autorités affirment être inconnues jusqu'ici.

Le Conseil des oulémas (théologiens) de Mohammedia a pour sa part dénoncé cette action qualifiant ses auteurs "d'agitateurs".

Il s'agit d'un acte "odieux qui défie les enseignements de dieu et du prophète avec tout ce qu'il engendre comme sanction grave", affirment les théologiens dans un communiqué.

Durant le mois de ramadan, les croyants sont appelés à s'abstenir de boire, de manger, de fumer et de tout rapport sexuel, du lever au coucher du soleil.


lundi 14 septembre 2009

Interdiction du voile : Bert Anciaux pas d'accord !

L’ex-ministre flamand Bert Anciaux (SP.A) est opposé à la décision du Conseil de l’enseignement de la Communauté flamande d’interdire le port du voile dans tous les établissements scolaires qui dépendent de ce réseau. Pour lui, cette initiative alimente l’extrémisme et l’intolérance.

Interdiction du voile : Bert Anciaux rejette la décision

« Une communauté qui prend une telle décision n’est pas la mienne », a écrit Bert Anciaux sur son blog.

« Je pensais et j’espérais vivre dans une communauté qui s’accommodait avec force, en toute conscience et surtout ouvertement, de la diversité comme d’une richesse… La décision du Conseil de l’enseignement de la Communauté va exactement dans le sens inverse ».

Pour Bert Anciaux, l’interdiction est perçue par de nombreux musulmans comme un « signe explicite d’exclusion et de mépris » et « agit efficacement contre les forces démocratiques au sein de l’islam en Flandre ».

Le Conseil de l’enseignement de la Communauté flamande a décidé vendredi dernier d’interdire le port du voile dans l’ensemble des établissements de l’enseignement de la Communauté flamande.

Pour l’année scolaire en cours, une mesure transitoire est prévue pour les écoles, centres et établissements qui n’avaient pas annoncé d’interdiction du port de signes distinctifs philosophiques. Une exception est accordée aux enseignants de matières philosophiques, uniquement pendant les cours. Les élèves peuvent également porter ces signes distinctifs durant les cours de philosophie.

source : Belga

vendredi 11 septembre 2009

La Belgique va exporter ses prisonniers

Alors que les Pays-Bas comptent aujourd'hui trop de prisons, c'est l'inverse en Belgique

LA HAYE Les Pays-Bas attendent toujours la décision du gouvernement belge concernant le projet de faire purger à 500 détenus belges leurs peines outre-Moerdijk.

L'absence de décision belge entraîne un retard de la fermeture de deux des huit prisons que le gouvernement néerlandais veut fermer dans les prochaines années, a indiqué jeudi la Secrétaire d'Etat à la Justice, Nebahat Albayrak, devant la Chambre à La Haye.

Alors que les Pays-Bas comptent aujourd'hui trop de prisons, c'est l'inverse en Belgique, c'est pourquoi le projet d'envoyer là-bas 500 prisonniers flamands est né, d'autant plus que les syndicats néerlandais et le personnel (1.200 emplois sont menacés par la fermeture des prisons) s'opposent aux fermetures.
source : La Dernière Heure

jeudi 10 septembre 2009

Bruxelles offre un tapis de fleurs à Tel-Aviv

Dans le cadre des festivités du 100e anniversaire de la création de Tel-Aviv, des dizaines de milliers de dahlias et de bégonias belges décoreront, du 14 au 17 septembre, la place Itzhak Rabin – l’esplanade la plus importante de la « Ville blanche » israélienne. Ce tapis de fleurs, offert par la ville de Bruxelles, est inspiré par celui qui orne régulièrement la Grand-Place. Pour l’occasion, une équipe de quatre spécialistes belges sera envoyée en Israël pour procéder à l’installation des bulbes.
C’est la première fois qu’un tel évènement culturel se déroulera à Tel-Aviv où la municipalité prévoit une fréquentation importante sur cette place qui peut absorber jusqu’à 50.000 visiteurs en même temps. Outre le maire de Tel-Aviv Ron Huldaï, le bourgmestre de Bruxelles Freddy Thielemans et l’ambassadeur de Belgique Bénédicte Frankinet inaugureront la manifestation.

Les responsables israéliens considèrent le tapis de fleurs offert par Bruxelles comme l’« un des évènements phares » des célébrations de la création de Tel-Aviv. L’idée de rendre hommage à la BD belge en décorant des façades de la place Rabin de dessins de Spirou et de Tintin avait aussi été étudiée mais a été abandonnée, notamment pour des raisons budgétaires. Abandonné également, le projet de transformer en « petit Bruxelles » la fameuse place Albert, un endroit ombragé situé dans un quartier chic de Tel-Aviv et dédié au courage du roi des Belges durant la Première Guerre mondiale.

Dans l’entourage de Ron Huldaï, on affirme en tout cas que l’idée du tapis de fleurs est « originale » et qu’elle « va cartonner auprès de la population israélienne ». La plupart des grands médias de l’État hébreu s’intéressent d’ailleurs à l’évènement et une chaîne de télévision envisage d’en faire la présentation en direct.

Serge Dumont

08.09.09
Source: Le Soir


NDLR: si vous désirez réagir, voici les adresses des (ir)responsables de cette lamentable décision :
ahmed.elktibi@ brucity.be, bertin.mampaka@ brucity.be, cabinet.ch.ceux@ brucity.be, cabinet.f.hariche@ brucity.be, Cabinet.Jean. DeHertog@ brucity.be, freddy.thielemans@ brucity.be, hamza.fassi- fihri@brucity. be, karine.lalieux@ brucity.be, Mohamed.Ouriaghli@ brucity.be, philippe.close@ brucity.be

texte proposée :

Monsieur le Bourgmestre,
Mesdames et Messieurs les Echevins,

Quelle excellente idée d'offrir un tapis de fleurs à un état d'extrême droite, religieux, raciste, qui n'a jamais respecté le droit international, les droits de l'homme, l'ONU, qui commet régulièrement des crimes de guerre....
Quand d'autres acteurs politiques dans le monde ont le courage de participer à divers formes de boycott d'Israël,
quoi d'étonnant à ce que des membres du PS belge poursuivent leur double langage habituel !?
une telle attitude est écœurante et me révulse !
Honte à vous et à tout(es) ceux/celles qui d'une manière ou d'une autre,
participent à la poursuite des agissements d'un État raciste et criminel...
et ne venez plus nous faire vos discours moralisateurs et sournois sur le danger d'importer le conflit dans nos pays:
vous en êtes les premiers acteurs qui y participez activement !!

Un Arabe "Il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes." Dixit Brice Hortefeux !

mardi 8 septembre 2009

La langue arabe chassée des classes

L'arabe, une langue d'avenir ? Les Danois y croient. Copenhague vient d'introduire, à cette rentrée, l'arabe dans les collèges. Tout en accélérant l'intégration des 10 % des 31 000 collégiens d'origine palestinienne, libanaise et irakienne, la capitale danoise veut préparer les bataillons de commerciaux qui partiront demain, espère-t-elle, à l'assaut des pays du Golfe. Un discours simple et pragmatique qui n'a pas cours en France, où l'enseignement de l'arabe, pourtant centenaire, est laissé à l'abandon par l'éducation nationale, au profit des mosquées qui ont capté la demande.

Que quelques lycées prestigieux de centre-ville regroupent des classes d'arabophones ne doit pas faire illusion. Reléguée dans les zones d'éducation prioritaire, la langue arabe ne parvient pas à quitter son ghetto. Dans l'enseignement secondaire, les effectifs sont faméliques : 7 300 collégiens et lycéens étudient la langue arabe, soit deux fois moins qu'à la fin des années 1970. Parmi ces élèves, 1 800 suivent les cours du Centre national d'enseignement à distance (CNED) et 1 500 résident à La Réunion et à Mayotte.

A l'école primaire, apprendre l'arabe passe par les cours d'Enseignement de langue et de culture d'origine (ELCO). Formalisé dans les années 1970 pour préserver "l'identité culturelle" des enfants d'immigrés, ce dispositif est confié aux pays d'origine mais contrôlé par l'éducation nationale. Avec plus de 35 000 élèves, dont 22 679 en arabe, les cours sont dispensés en dehors du temps scolaire. Le dernier rapport de l'éducation nationale consacré aux ELCO, publié en mars 2006, relève que les cours d'arabe "ne sont pas convaincants". Non qu'ils se soient transformés en cours de religion, comme les inspecteurs l'ont maintes fois entendu, mais à cause de leur piètre qualité : méthodes jugées d'un autre âge, absence de lien entre l'arabe dialectal et arabe standard, rappel constant au pays d'origine et à son régime politique...

La comparaison avec les autres langues "rares" joue en la défaveur de l'arabe. Le chinois, porté par un effet de mode qui ne faiblit pas, attire environ 15 000 élèves dans le secondaire, le portugais 12 000, le russe 14 000 et l'hébreu 7 000. Cet échec sonne, pour nombre d'arabisants, comme un symptôme du rejet des Maghrébins dans la société française. "L'enseignement de cette langue se porte aussi mal que les populations qui la parlent", résume Abdellatif Naguaoui, professeur d'arabe au lycée Alfred-Noble de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Traduire : l'arabe est aussi mal aimé que la communauté qui le parle.

Du haut en bas de la pyramide de l'éducation nationale, on déplore "un abandon de l'arabe", selon les termes de l'inspecteur général d'arabe, Bruno Levallois. En tant que langue de communication, l'arabe apparaît pourtant en plein renouveau grâce à la scolarisation massive dans les pays du Golfe, à la simplification linguistique à l'oeuvre grâce aux nouveaux médias, comme Al-Jazira.

La "frilosité" des ministres de l'éducation nationale est souvent mise en accusation par la petite communauté arabisante. Seuls Jean-Pierre Chevènement et Jack Lang échappent à l'opprobre : le premier pour son discours intégrateur porteur pour la langue, le second pour son volontarisme qui a permis la création de postes de professeurs et l'intégration de l'arabe parmi les langues vivantes du primaire, une mesure abandonnée peu après son départ.

Tous les défenseurs de la langue se remémorent comme une vexation la déclaration d'Azouz Begag. L'éphémère ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances du gouvernement Villepin avait défendu le développement de l'enseignement du chinois dans les ZEP, pour favoriser une meilleure insertion professionnelle de ces jeunes bien sûr, mais aussi les mettre au contact avec "une langue de culture". Il n'avait pas eu un mot pour l'arabe.

Benoît Deslandes, l'actuel président de l'Association française des arabisants, a conservé un souvenir blessant de sa tentative, alors qu'il était professeur, il y a quelques années, de "vendre" l'arabe à un lycée de centre-ville. "Nous n'avons pas d'Arabes ici", lui avait répondu le proviseur. "Vous avez des Anglais ?" lui avait rétorqué l'enseignant. Cette insolence lui a valu la porte.

L'expérience vécue en 2009 par l'inspecteur pédagogique régional d'arabe, Michel Neyreneuf, montre que les réticences sont toujours là. Après avoir travaillé pendant des mois, sur le terrain, à l'ouverture de classes dites bilangues (deux langues vivantes enseignées dès la sixième) dans l'Oise, il voit l'expérience repoussée d'un revers de main par le rectorat. Le motif, exprimé ouvertement ou non, étant toujours le même : proposer l'arabe, c'est prendre le risque de "stigmatiser" des collèges. D'où un double échec : cette langue ne trouve pas sa place dans les établissements en quête d'excellence et déserte les plus en difficulté.

Partout, le scénario se répète : des effectifs de collégiens qui ne permettent plus le maintien de l'enseignement de l'arabe au lycée ; des professeurs d'arabe en partie désoeuvrés (60 % d'entre eux sont remplaçants, 6 % enseignent une autre discipline) ; une absence d'offre dans les lycées professionnels ou dans les formations technologiques qui proposeraient pourtant des débouchés aux élèves maîtrisant cette langue. Jean-François Copé s'est fait l'écho de cette préoccupation, samedi 5 septembre, lors du campus des jeunes de l'UMP à Seignosse (Landes) : "Il y a des emplois en lien avec le développement économique des pays arabes, nous devrions assurer à tout jeune la possibilité d'apprendre cette langue", a déclaré le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale,

Numériquement parlant, avec 4 000 à 5 000 inscrits, le sort de l'arabe est plus enviable à l'université. Mais le public, composé pour les deux tiers d'étudiants en pleine quête identitaire, n'est pas facile, concède le directeur des études arabes et hébraïques à l'université Paris-IV, Frédéric Lagrange. Il a vu cette proportion d'heritage students, selon la formule anglo-saxonne, grossir au fil des années. Nombreux sont ceux qui viennent de filières technologiques au lycée et se retrouvent en grande difficulté sur les bans de la fac. Parmi eux, nombre de jeunes femmes qui se cherchent un avenir dans la communauté, constate l'historien Benjamin Stora, qui les côtoie à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco).

"L'enseignement de l'arabe est parasité par le sacré et tous les problèmes socioéconomiques de gens qui veulent apprendre cette langue pour se forger une identité islamique", regrette Stéphane Valters, professeur d'arabe à l'université du Havre. Quelques-un(e)s possèdent déjà des rudiments, voire plus, de la langue, apprise dans un contexte religieux. "Cela s'entend. Ils ont des intonations qui impliquent une longue pratique de la psalmodie", explique M. Lagrange.

Car si l'arabe est en crise au collège et au lycée, il est en plein boom dans les mosquées. Au Val d'Argenteuil (Val-d'Oise), l'institut Al-Ihsane, installé dans la "mosquée Renault", ainsi surnommée parce qu'elle est installée dans une ancienne usine du constructeur automobile, affiche 635 inscrits entre 5 et 16 ans pour la prochaine rentrée. "Sans publicité", se flatte Abdelkader Achebouche, son président. Il ne souffre pas du tout de la concurrence de la mosquée Dassault - installée dans un ancien entrepôt de l'avionneur - à qui l'on prête quelque 400 élèves, issus de familles d'origine marocaine, quand son institut regroupe ceux d'origine algérienne.

Dans les classes d'Al-Ihsane, les cahiers des élèves inscrits en 2008 témoignent d'un travail scolaire assidu - quatre heures par semaine avec bulletins de notes et appel aux parents en cas d'absence. Chaque cours commence par une demi-heure de Coran, l'essentiel du temps étant ensuite consacré à un cours de langue "ordinaire". "Les parents recherchent une éducation islamique, mais ils veulent aussi maintenir le lien avec le pays d'origine", explique M. Achebouche. La mosquée rassure parce qu'elle apporte à la fois le Coran, la langue et un encadrement.

Preuve que cet afflux d'élèves vers les mosquées signe un retour à la langue et aux racines, il s'observe aussi dans les associations laïques. "L'ancienne génération avait honte d'elle-même et la connaissance de l'arabe était un handicap plutôt qu'un atout. La jeune génération ne raisonne plus comme ça", observe Amar Rahaouni qui anime l'association Enfance et familles des deux rives à Pierrefitte (Seine-Saint-Denis). A Paris, l'engouement est réel pour les cours d'arabe organisés à l'Institut du monde arabe (IMA) : "Nous avons commencé avec 10 enfants de 7 à 12 ans il y a cinq ans, nous en avons 190 aujourd'hui dont un bon nombre vient de banlieue", raconte Sophie Tardy, responsable du centre de langues et de civilisation de l'IMA.

Ce repli sur les associations inquiète le monde enseignant qui regrette d'autant plus le manque de volontarisme de l'éducation nationale. "Si la langue et la culture deviennent la propriété des communautés, nous sommes mal partis", regrette Bruno Levallois. "Si on ne donne pas à leurs enfants la possibilité d'apprendre l'arabe à l'école, les familles se tourneront de plus en plus vers la mosquée", soutient Yiayha Cheikh, professeur au lycée Romain-Rolland de Goussainville.


Brigitte Perucca (lemonde.fr 8/9/2009)



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dimanche 6 septembre 2009

Les méthodes de recrutement du MOSSAD

voici le type d'articles que le Mossad aime "laisser filtrer" pour se créer une légende.

A. RECRUTEMENT

Il n’y a pas de filière de recrutement officielle au sein du Mossad. C’est la Melukah, la division chargée du profilage, qui fait le premier pas vers une recrue potentielle.

Certes, le Bureau (Hamisrad, dénomination du service à l'interne) a ouvert un site internet qui permet de poser sa candidature, mais il cible les ingénieurs et scientifiques très qualifiés, destinés à travailler au quartier-général de Nes Ziyona. Aucun personnel « combattant » ou analyste n’est recruté sur la Toile.

Ayant accès aux dossiers militaires de tous les Israéliens et Israéliennes, la Melukah peut aisément déterminer le profil qu’elle recherche, et même l’actualiser. En effet, le Mossad a le pouvoir de faire subir à ses candidats des concours de présélection maquillés en exercices militaires. Quelques fois, de jeunes appelés israéliens effectuent des examens qu’ils pensent destinés à leur commandement d’unité alors que les résultats atterrissent sur le bureau d’un officier du Mossad.

Le service sélectionne ses futurs agents selon des critères très aléatoires. Seules constantes : la citoyenneté israélienne – c’est évident – et la judéité. Le Mossad ne recrute aucun personnel qui n’est pas Juif, mais les candidats peuvent s’être convertis (à l’image de Ross). Sans exception : les bodel (« courriers », souvent des Arabes) et les mabuah (informateurs non-juifs) sont condamnés à la périphérie du système.

L’homosexualité reste officieusement bannie au sein du Mossad, mais pas pour une question de mœurs : le service craint que l’ennemi ne s’en serve comme outil de chantage à l’encontre d’un agent. Même fermeté à l’égard du statut légal : si la recrue fréquente une personne de nationalité étrangère, elle doit demander une autorisation écrite pour poursuivre cette relation ou c’est l’expulsion immédiate du service (une règle qui reste valable en cours de carrière).

Un profil original, renforcé par une expérience militaire reconnue, sont décisifs. Avant sa venue en Israël, Ross avait servi dans une division aéroportée de la Special Service Force, le corps d’élite de l’armée canadienne censé protéger le flanc nord de l’Europe en cas d’invasion soviétique (nous étions alors au milieu de la guerre froide, à la fin des années 70). Pendant trois ans, il avait participé aux exercices de l’OTAN en Scandinavie avant d’atterrir en Israël à la poursuite d’un climat méditerranéen. Engagé dans Tashal au sein d’une unité combattante (génie), il avait connu le front nord face au Hezbollah. Il disposait donc aussi bien d’une formation militaire approfondie que d’un profil universel, anglophone de surcroît, idéal pour la branche clandestine du Mossad. C’est en toute logique qu’il a finalement reçu une invitation du « gouvernement israélien », l'encourageant à poser sa candidature pour un poste « à l’étranger ».

En réalité, le billet d'entrée au Mossad n'est qu'un simple numéro de téléphone, qui change tous les deux ans.

B. PROFILAGE PSYCHOLOGIQUE


Les évaluations psychologiques font un premier tri. En voici deux exemples (leurs grilles de lecture ont été ajoutées en fin d'article) :

1. Un seul mot doit être ajouté dans l’encoche :

L’enfant ______ ses parents

Quand il est attaqué, le jeune homme ______

Le chien _________ chaque nuit

Toute histoire drôle est aussi ___________

Le soleil _________ dans le ciel

2. Fermez les yeux, et cochez un « X » dans chaque cercle d’une feuille blanche. La dimension d'origine des cercles doit être standard, mais tous ont un diamètre équidistant).


Ces examens et leurs résultats
sont ajoutés au dossier. S'ensuit une batterie d’interrogatoires imposée à la recrue :

a) sa vision du monde

b) sa situation financière

c) sa vision d’Israël (une remise en question du sionisme étant fatale)

d) son opinion sur les conflits au Moyen Orient

e) sa relation avec le sexe opposé (tout rapport conflictuel ou platonique ruinant une candidature)

f) ses projets d’avenir

g) ses opinions politiques et sociales
h) sa relation avec les figures paternelle et maternelle (tout mauvais rapport avec la parenté du même sexe suggérant une inclination du candidat à rejeter l’autorité supérieure).

Ces questionnaires sont couplés avec des séances de polygraphe (détecteur de mensonges) et une enquête sévère auprès des familles et amis de la recrue. La moindre erreur ou approximation est éliminatoire. Si l'agent passe ce niveau, il est envoyé à l'académie du Bureau à Tsomet Glilot.

Là-bas, il hérite d’un nouveau pseudonyme (Michael Ross était « Rick ») qui restera son seul code au sein du Mossad. Aucun agent ne connaît le vrai nom et la situation personnelle de ses collègues, même les plus proches. Ce cloisonnement est nécessaire pour éviter qu’un officier capturé ne révèle des informations sur les autres employés du service.

Régulièrement, le Bureau effectue des mises au point avec ses employés pour déterminer ce qu'ils savent de leurs partenaires. De ces rapports , les cadres rédigent des « SRA » (security risks assessments, évaluation des risques) remises par la suite à l'Avtahat Peylut Medinit (APM), la division de sécurité intérieure du Mossad. Celle-ci juge des mesures à prendre au cas par cas. De par son origine anglophone, Ross suscitait la curiosité au quartier-général. Alertée, l'APM décida de lui créer une fausse identité ; dès lors, et jusqu'à son départ du service, ses collègues croyaient que son vrai nom était « Murray Schwartz ».



C. EXAMENS THEORIQUES


Le contenu de la théorie enseignée à Tsomet Glilot dépend de l’affectation de l’officier. Comme aspirant à « l'Unité » (surnom de la branche clandestine, CAESAREA, à l'interne), Ross étudia des matières aussi diverses que les sciences politiques, la géographie, l’ingénierie, la balistique ou la traumatologie. Les manuels insistent particulièrement sur le domaine de la photographie ; Ross passa des heures à manier les appareils Pentax.

Durant toute la durée de ces examens, tout ce que le candidat lit, écrit ou consulte termine dans des sachets envoyés au service psychologique de l'Institut. On y travaille à cerner le mieux possible les faiblesses et qualités du candidat. A mesure que les mois passent, ces documents sont envoyés dans un sas au sous-sol du quartier-général où un broyeur les réduits en pâte à papier. Ross parle de tonnes de paperasse recyclés chaque jour.

En effet, le Mossad, comme toute agence d’espionnage, est d’abord une bureaucratie. Les recrues apprennent à gérer une somme astronomique de papiers, factures et documents administratifs. Ils étudient les systèmes d'imposition fiscale, apprennent les règles du marché immobilier, revoient les impératifs du code de la route et se familiarisent avec les différents systèmes de téléphonie des pays où ils évoluent. Il faut y ajouter les exigences de la couverture (Ross suivit un cours accéléré sur les indices boursiers). Dans un métier où le soupçon d'autrui est synonyme d'échec, l'agent apprend à ne jamais se laisser surprendre.

A cette lourde charge de travail s'ajoute la gestion des différents papiers d'identité factices (les teud). Les espions sont formés à prendre grand soin de leur unique moyen de survie. Lorsqu'il voyageait à l'étranger, Ross portait deux porte-monnaies sur lui. L'un à sa place habituelle, avec de l'argent liquide, et l'autre contenant ses papiers d'identité à l'abri, dans une poche velcro cousue à l'intérieur de sa veste.

Avant chaque opération, un agent reçoit son pekuda l’mivtza, connu sous son diminutif « pakam » : son ordre de mission. Sur ce document figurent les dates, lieux et objectifs de l'opération ; la logistique disponible dans le pays-base (non-hostile) ou le pays-cible (hostile) ; le montant des sommes allouées pour l'opération (selon Ross, le service est généreux avec ses agents), le calcul des cotisations de retraite (grâce aux primes de risques, un « combattant » touche trois fois le salaire d'un agent du quartier-général) et le soutien financier promis à la famille en cas de décès. Plus étrange est la dernière section du pakam intitulée Mikrim v’Tguvot : le chef de mission y a listé les situations fâcheuses qui pourraient résulter de l’opération, et les réactions attendues de l’agent. De cette manière, le Mossad se dédouane de toute mauvaise surprise.

Lorsqu'un agent est déployé sur un théâtre d'opérations, il a pour premier réflexe de joindre son contrôleur, un officier évoluant sous couvert diplomatique, et lui remettre son ordre de mission ainsi que le passeport avec lequel il a voyagé depuis Israël. En retour, il obtient de l'argent, une nouvelle identité et son matériel de travail. Le pakam est ensuite signé par les deux partis, comme s'il s'agissait d'un contrat. Alors, seulement, la mission peut commencer.

Dans le suivi opérationnel du service, l'obtention du pakam est un passage aussi obligé que la consultation de l'EEI, ou essential elements of intelligence. En fait, le premier naît du second. L'EEI est un bulletin diffusé chaque mois. Il détermine les besoins d'Israël en matière de renseignement. Mis à jour régulièrement par le service d'analyse, l'EEI oriente les travaux du Bureau et sert parfois d'avertissement. Ross rapporte qu'en 1993, l'EEI consacré à l'Iran notait que le Mossad n'avait plus d'agent dans le pays depuis la chute du Shah, en 1979 !


D
. EXAMENS PRATIQUES


Les premières évaluations pratiques s'attachent au fondement même du métier : la création des « légendes », telle que le Mossad nomme les couvertures qu'il fabrique pour ses agents. Invitée dans un lieu sécurisé en ville, la recrue doit se bâtir une identité crédible en quinze minutes ; elle est ensuite interrogée par des experts du Shabak, le contre-espionnage israélien.

Ross a appris à ses dépens que construire une bonne couverture n’est pas chose aisée. Par exemple, la première question piège posée par un agent de contre-espionnage à un officier du Mossad prétendant être journaliste d’Oakland, en Californie, serait « quel est votre code postal ? » ou « rappelez-moi votre indicatif téléphonique ? » En quelques minutes, la supercherie est révélée. Le Bureau apprend à ses agents à privilégier les couvertures complexes (« journaliste indépendant ») nécessitant plus de recherches que le service ennemi ne peut se permettre (« journaliste indépendant travaillant occasionnellement pour une revue étudiante d’Oakland, en Californie »).

Une fois les bases acquises, la recrue a une journée pour rédiger son autobiographie et la remettre à son superviseur. A partir de ces informations, le Bureau lui créée une identité factice plus facile à defendre parce que fondée en partie sur des éléments réels. Cette couverture élaborée est renforcée sur le terrain par l’établissement de faux numéros de téléphone et « siège social » d’organisations fantômes, établies dans des lieux de bonne réputation (Michael Ross avait monté sa base à Genève et Zürich, en Suisse).

Au cours des stages en extérieur, l'agent en formation apprend à créer, stabiliser et placer des explosifs, mais aussi neutraliser les charges placées par l'ennemi. Selon Ross, on étudie spécialement les composantes du TATP, triacetone triperoxyde, surnommé « La Mère de Satan » pour sa facilité de fabrication et son haut degré de létalité. C'est l'explosif préféré des terroristes, même si beaucoup meurent en le manipulant, le TATP étant très instable. Là encore, l'entraînement dépend beaucoup de l'affectation future (les aspirants au Kidon suivent la formation le plus pointue).

Dans des stands de tir, les bleus s'entraînent à manier l’arme de service (le Beretta) et les armes lourdes pendant des heures. Le Mossad utilise des balles à tête plate, plus violentes à l’impact, et impose le « tirer pour tuer ». Un espion étant par définition payé pour ne pas être repéré, il ne dégaine que pour abattre son adversaire. Sans exception. Par conséquent, les agents du Mossad n’utilisent virtuellement jamais leur arme. Ils compensent ce handicap par l'apprentissage du krav maga, les arts martiaux initiés par les forces spéciales israéliennes. Ross se souvient avoir été agressé « dans une ville européenne » par des « Marocains » qui voulaient le détrousser, lui et son agent de soutien, alors qu’ils contactaient leur QG depuis une cabine téléphonique. Les malfaiteurs avaient mal choisi leurs cibles : ils eurent droit à une riposte de krav maga qui les envoya à l’hôpital. Ultérieurement, le Bureau reprocha à ses deux agents d'avoir eu « une mauvaise interaction avec les indigènes » !

Les exercices élémentaires se déroulent en zone habitée et à l'intérieur de l'Etat hébreu. Le Mossad a renoncé à entraîner ses agents à l’étranger car les citoyens israéliens, vivant dans un contexte sécuritaire délicat, imitent parfaitement un environnement hautement soupçonneux. En Israël, toute personne qui se rend à une adresse sans raison ou semble observer un site attire immédiatement l’attention. Le défi est d’autant plus grand pour les recrues de l’Institut.

Elles apprennent à fréquenter les hôtels, leur premier lieu de travail.
Les bleus y sont formés à fixer des rendez-vous et étudier l'environnement qui les entourent. Selon Ross, une simple rencontre avec un contact nécessite une organisation très rigoureuse. L’agent suit une « SDR » (en l’anglais surveillance detection route). Chaque parcours est à usage unique, mais répond à des règles immuables. Pour se rendre à un lieu donné, l’agent A fait un grand détour et passe devant un « champ ouvert », c’est-à-dire une zone de vision très large qu’observe un agent B partenaire. Habituellement, il s’agit d’une terrasse de café. Si, et seulement si l’agent B a vérifié que l’agent A n’est pas suivi, ce dernier ira voir son contact. Les SDR sont monnaie courante pour l’aspirant. Au fil de l’entraînement, elles deviennent aussi banales que vérifier la route avant d’emprunter un passage pour piétons.

Dès qu'il sait semer son instructeur, l'aspirant apprend à le filer. Pour se faire, il bénéficie des conseils des neviot, les professionnels de la surveillance du Bureau.
Une filature classique demande entre trois et quatre agents pour une seule cible, de manière à permuter les suiveurs (homme+femme / homme seul / femme seule/ « famille »). Une filature motorisée exige au moins deux conducteurs derrière la voiture, un troisième au fil du parcours et, parfois, un véhicule de secours placé sur la route opposée, auquel cas la personne effectuerait un demi-tour. Ross raconte qu'il s'entraînait dans les ronds-points bondés de Tel Aviv. Les « objets » (les individus pris en filature dans le jargon du Mossad) étaient des citoyens ordinaires, sans aucun lien avec le renseignement, qui n'ont jamais appris le rôle qu'ils ont joué malgré eux dans la formation de la future élite du renseignement israélien.

Une fois les informations collectées, les recrues apprennent à protéger leur transfert vers la base. Un geste crucial, car
« une mission accomplie qui ne figure pas dans un rapport n'a pas existé » selon un adage qui circule à l'interne. Les moissons de renseignement transitent soit physiquement, par une « boîte aux lettres morte » (DLB dans le jargon), qui n'est autre qu'un lieu isolé où l'on cache des documents, soit électroniquement par voie cryptée. Tout au long de leur formation, les candidats utilisent les différentes méthodes de communication du Bureau, des plus simples (morse) aux plus complexes (télématique). Avant une opération, Ross dut étudier le langage utilisé par les pilotes des forces spéciales, rattachés à la CAESAREA pour des raisons logistiques. Grâce à un entraînement intensif, il put organiser l'atterrissage clandestin d'un gros porteur en Afrique occidentale.

Pendant les stages de formation, une grande attention est portée à l'apprentissage du Naka, le code secret qui régit la vie du Mossad depuis plus de cinq décennies. Dans le livre de code interne, « un accident » signifie que l'officier veut consulter son contrôleur de toute urgence. L'alias « Ram » renvoie au directeur général. Le dernier cran d'alerte saute avec la « lumière du jour », daglighli en hébreu. Une fois ce code diffusé, tous les agents de la filière concernée quittent le pays-cible dans les vingt-quatre heures.

Au cours d'examens oraux et écrits, les candidats doivent réciter par coeur le fonctionnement du Bureau, notamment l'utilisation des
sayanim (volontaires de la communauté juive) et des safanim (agents surveillant spécifiquement les groupuscules palestiniens à l'étranger).


E. Déploiement


Une fois greffée de
sa « légende », la recrue est envoyée à l'étranger pour un examen en situation. Les postes varient selon l'affectation (Tzipi Livni, par exemple, dut tenir une planque à Paris pendant plusieurs mois). Pendant ce travail de repérages, les cadres testent le candidat. Ils bloquent ses cartes de crédit pendant une journée, annulent un vol à la dernière minute, coupent le contact sans crier gare. A l'agent de s'adapter et prouver son indépendance sur le terrain.

Au milieu d'une ville européenne, un instructeur du Bureau évoluant sous la couverture d'un motard simula un accident et accusa Ross d'en être le responsable. La jeune recrue, qui roulait en voiture de location, tenta de calmer l'homme furibond, mais celui-ci était hors de lui : il menaçait d'appeler la police. Ross s'en sortit après négociations et ne découvrit la supercherie que des années plus tard.


F. « Capture »


Finalement, le vrai défi pour l’aspirant reste le programme « capture » qui clôt l’entraînement. Moins de la moitié des candidats y survivent émotionnellement. Il s’agit d’une simulation en temps réel d’un interrogatoire. Etant entourés de pays arabes hostiles, les agents israéliens doivent faire preuve de la plus grande rigueur mentale. Le Bureau ne fait pas mystère des conditions qui attendent ses employés : soixante-quinze agents de l'Etat juif sont morts en mission depuis 1949 pour un effectif annuel de 1'200 employés - alors que la CIA déplore, pour la même période, quatre-vingt-quatre victimes pour un personnel moyen vingt fois supérieur en nombre.

Sans compter que l'environnement immédiat du service comprend des dictatures pratiquant la répression et la torture. Ross se souvient du mot de ses instructeurs : dans les films, les agents martyrisés se taisent, mais dans la réalité, tout le monde parle ; un bon entraînement peut toutefois limiter les fuites.

Le programme « capture » est secret, et l’agent qui y est soumis ignore qu’il s’agit d’un exercice. Ross s’en souvient comme du pire moment de son existence. Par un froid après-midi de décembre, il menait une mission de repérages du côté de la vieille ville de Jaffa, au sud de Tel Aviv. Caché parmi un groupe de touristes visitant l'ancienne citadelle ottomane, il photographiait les bateaux du port lorsqu' un vieil homme s’est approché de lui en lui proposant des drogues. Ross a refusé énergiquement. Une fois rentré dans sa planque, la police israélienne est venue l’arrêter pour « trafic de stupéfiants ».

Il s’est retrouvé enchaîné, nu, dans un sous-sol, où deux policiers (en réalité des agents du contre-espionnage) l’ont brutalisé après lui avoir balancé un saut d'eau glacée en pleine figure. Pendant quarante-huit heures, privations de sommeil, gifles et humiliations se sont succédées sans le moindre répit. Au milieu de la nuit, le second jour, un agent s'est dirigé vers Ross avec des fils électriques et l'a menacé de lui griller les testicules. Mais Ross n'a pas craqué. Alors l'interrogatoire s'est terminé. Le jeune homme, frigorifié, a été expulsé du bunker sans explication.

En réalité, il avait réussi l'examen final. A aucun moment il n'a « brisé sa couverture » ; il n’a ni donné son vrai nom ni avoué qu’il était du Bureau. Nombre de ses collègues, pensant dissiper un malentendu, ont expliqué à « la police » qu’ils travaillaient pour le
gouvernement israélien, ce qui a immédiatement mis un terme à leurs projets de carrière.

Une semaine plus tard, la recrue qui a passé l'interrogatoire, son superviseur et les deux agents du contre-espionnage étudient les images de l'exercice et en débattent. Puis le dossier de l’aspirant part pour le quartier-général, où il est une nouvelle fois évalué par une commission secrète. Si le verdict est positif, la recrue devient officiellement employé du Mossad, dix-huit mois après y être entré.

La Norvège boycotte Israël !


Aujourd’hui, un fonds de pension gouvernemental norvégien annonce qu’il n’investira plus ses capitaux dans la société israélienne Elbit. Motif évoqué: le géant électronique Elbit Systems Ltd a fourni du matériel électronique à la “barrière de séparation” qui a été érigée entre Israël et la Cisjordanie. Or la barrière a été décrétée illégale par le Tribunal international de La Haye.

Le ministre norvégien des Finances, Kristin Halvorsen, a approuvé la décision prise par le comité d’Ethique du fonds de pension; il a affirmé que son gouvernement “ne financera pas des sociétés qui contribuent directement à bafouer les droits de l’homme”.

Le ministre norvégien se défend d’adopter une politique anti-israélienne, indiquant que depuis 2002, le fonds a liquidé ses investissements dans 33 sociétés internationales pour des raisons identiques, comme Boeing, EADS ou Wall-Mart.

Le “Norwegian Government Pension Fund – Global” gère les retraites des fonctionnaires norvégiens; il a accumulé un capital estimé à 400 milliards de dollars qui sont investis de part le monde. En Israël, le fonds avait investi 5,4 millions de dollars dans les actions de la société Elbit.

Côté israélien, le ministère des Affaires étrangères a condamné la décision norvégienne mais le ministre Avigdor Lieberman, qui effectue une visite en Afrique, n’a pas encore réagi.

Entre-temps, des voix s’élèvent en Israël pour boycotter les produits norvégiens. Encore faudrait-il trouver des produits norvégiens sur les étagères des supermarchés israéliens pour les boycotter!

Or Israël n’achète à la Norvège que pour 50 millions de dollars par an, essentiellement des produits de la pêche et du bois pour papier journal. Le boycott est mort avant d’être né.

samedi 29 août 2009

Voilà le sionisme dans sa splendeur !

Ou comment on peut déverser de la haine anti-arabe sur les chaines françaises sans être inquiété !

Remplacez les mots de palestiniens ou de syriens par juifs et imaginez, à raison, la réaction de la classe politique et du monde médiatique. Ne parlons pas du journaliste qui aurait du présenter excuses sur excuses avant d'être licencié pour faute grave. Sans oublier un procès du CRIF contre France5 et le journaliste.....deux poids deux mesures


vendredi 21 août 2009

Ou sont les défenseurs de la liberté d'expression ?

Un article de presse au cœur des tensions diplomatiques entre Israël et la Suède



Un article publié par un des plus grands quotidiens suédois, Aftonbladet, nourrit des tensions entre Israël et la Suède. Intitulé "Ils volent les organes de nos enfants", l'article prétend que les soldats israéliens capturent de jeunes palestiniens pour revendre ensuite leurs organes.


Peu après la publication de l'article, des membres du gouvernement israélien ont dénoncé les thèses antisémites de l'article, qui se base notamment sur une photo du corps d'un jeune palestinien mort lors des affrontements au début de l'année à Gaza et portant une large cicatrice sur le torse. L'armée israélienne a répondu à l'auteur de l'article, Donald Boström, qu'il s'agissait d'une autopsie comme cela est fréquemment effectué.

Dès mardi, le ministère des affaires étrangères israélien s'était emporté contre les accusations du journaliste, qualifiant, selon le Jerusalem Post, ses propos d'"hystérie raciste à son pire niveau". Selon Yigal Palmor, porte-parole du ministère, "personne ne devrait tolérer de telles pensées qui ne font qu'inciter encore davantage à la haine des juifs. C'est un affront à la liberté d'expression et tous les Suédois devraient unanimement rejeter ces propos". Danny Ayalon a appelé le gouvernement suédois à condamner clairement ces accusations.
VISITE OFFICIELLE REMISE EN QUESTION

Le premier ministre suédois, Carl Bildt, a refusé de condamner la publication au nom de la liberté d'expression, tout en disant comprendre l'émotion suscitée par l'article et précisant que le Parlement suédois a toujours été unanime pour rejeter l'antisémitisme. Selon lui, la meilleure réponse à cet article doit venir d'un débat ouvert. Ce qu'un autre journal suédois, Sydvenskan, n'a pas tardé à faire en publiant une tribune dénonçant le contenu de l'article et intitulée "Antisemitbladet", en référence au nom de son concurrent.

Alors que la Suède assure actuellement la présidence tournante de l'Union européenne, le différend a rapidement dépassé les colonnes d'Afonbladet. Les relations entre Israël et la Suède ont été souvent marquées par des polémiques ces dernières années, Tel-Aviv reprochant à Stockholm un parti pris propalestinien tandis que la Suède accuse régulièrement l'Etat hébreu de violations des droits de l'homme.

Dans une dizaine de jours, Carl Bildt doit se rendre en visite officielle en Israël. Le journal israélien Haaretz a révélé que le ministère des affaires étrangères envisageait d'annuler sa venue, ou en tous les cas de s'en servir pour obtenir des réponses plus favorables de sa part. Avidgor Liebermann, chef de la diplomatie israélienne, a quant à lui évoqué la possibilité d'annuler les accréditations des journalistes d'Aftonbladet en Israël.

Le Monde.fr avec AP et AFP

mercredi 19 août 2009

Islamophobie : Mosquée profanée

La mosquée de Toul profanée par des inscriptions racistes

LEMONDE.FR avec AFP | 19.08.09 | 16h08 • Mis à jour le 19.08.09 | 17h37

a façade de la mosquéede Toul (Meurthe-et-Moselle) a été recouverte d'inscriptions racistes et de morceaux de viande de porc dans la nuit de mardi 18 à mercredi 19 août, a fait savoir Raymond Morey, le procureur de Nancy. "Ce sont des faits de dégradation et d'incitation à la haine raciale inacceptables", a-t-il déclaré. Deux jeunes hommes d'une vingtaine d'années ont été interpellés peu après la découverte de la profanation.

Des inscriptions racistes ont été peintes sur les murs de l'édifice dont "La France aux Francais", "Ici c'est nazie", "Touche pas à mon cochon" ou encore "Marre des bougnoules", le tout accompagné de symboles nazis. "Des pieds et une demi-tête de cochon étaient également accrochés au portes et fenêtres du lieu de culte", a précisé le procureur de Nancy.

Le Conseil français du culte musulman a appelé "les autorités publiques à tout mettre en œuvre" pour arrêter les auteurs de tags xénophobes et racistes découverts dans la matinée. "Le CFCM fait part de sa vive indignation face à cette nouvelle agression raciste et xénophobe qui a visé une fois de plus un lieu de prière, de paix et de recueillement", explique le Conseil dans un communiqué. La ville de Toul s'est s'associée à la communauté maghrébine de Toul pour "constater avec tristesse et consternation l'apparition" de ces tags, estimant que "c'est le fait de l'extrême droite et de ses inféodés qui ne savent que faire pour attirer l'attention".

Aucun lien n'est pour l'instant établi entre cette affaire et les dégradations dont avait été l'objet la chapelle de l'abbé Noël située dans le même quartier sans histoires de la Croix-de-Metz.

lundi 17 août 2009

Israël et la France : La censure a encore frappée




Sarkozy, Israël et les juifs : la censure !


Le dernier ouvrage de Blanrue, Sarkozy, Israël et les juifs, est publié par un éditeur belge et non diffusé en France !


Si le titre du livre avait été " Chirac, la Palestine et les Arabes" imaginez le couverture médiatique que le livre aurait reçu.....

jeudi 2 juillet 2009 - 06h:23
Paul-Éric Blanrue/Silvia Cattori
Entretien

"... Je pense ici en particulier à la campagne qu’ils mènent en ce moment pour faire passer la loi appelée « Loi Martin Luther King ». Cette loi, qui est en gestation, vise à assimiler légalement l’antisionisme à l’antisémitisme. Si cette loi passe, cela veut dire qu’en France, l’antisionisme sera considéré comme un délit. Critiquer Israël pourra vous conduire en prison. C’est très grave..."



Paul-Éric Blanrue


« Le livre de Paul-Éric Blanrue, Sarkozy, Israël et les juifs (*) s’il arrive à être diffusé, fera date. C’est le premier ouvrage à braquer les projecteurs sur ces groupes de pression, qui évidemment veulent agir dans l’ombre, même si leur influence devient de plus en plus évidente depuis l’élection de Sarkozy », observe le physicien belge Jean Bricmont (**). Car si le livre est distribué dans divers pays, et fait déjà l’objet de quatre traductions, il n’est pas encore diffusé dans le propre pays de l’auteur, la France !

Entretien avec Paul-Éric Blanrue, questions de Silvia Cattori (I)
Paul-Éric Blanrue, 42 ans, est un personnage franc, attachant. Il fait partie de ces historiens qui contestent la légitimité de lois qui portent atteinte à la liberté d’expression, comme la loi Gayssot et qui se rebellent à juste titre contre l’intoxication et la désinformation médiatique et politique.

Silvia Cattori : Votre livre Sarkozy, Israël et les juifs permet de comprendre en quoi les liens tissés entre Nicolas Sarkozy et les différents réseaux sionistes en France, et dans le monde, sont dangereux pour la souveraineté nationale. Liens qui ramènent évidemment à l’Etat juif d’Israël : le cœur du problème. Quel évènement précis vous a-t-il conduit à écrire ce livre en toute hâte ?

Paul-Éric Blanrue : Ce qui m’a fait réagir c’est quand, après le carnage de l’armée israélienne à Gaza, la France de Sarkozy a envoyé la frégate Germinal (1) pour empêcher le transfert d’armes aux Palestiniens assiégés. Cette nouvelle m’a fait bondir parce que c’était un acte politique très clair de la part de la France en faveur d’Israël. C’était un acte d’autant plus grave, à mon sens, que les Etats-Unis n’y avaient pas pris part.
Sarkozy, Israël et les juifs a vraiment commencé à exister à partir de ce moment-là, avec ce qui s’est passé à Gaza. J’ai été scandalisé par la façon dont la France a réagi à ce massacre, dont Bernard Kouchner et les proches de Sarkozy en ont parlé, dont Bernard-Henry Lévy (BHL) en a disserté dans Le Point.
J’ai alors cherché à montrer les accointances qu’il y avait, malgré une réserve de surface, entre BHL, et un certain nombre de personnages qui se prétendent de gauche. Qu’il y avait une véritable coalition du monde intellectuel parisien, de cette intelligentsia déliquescente, avec la politique pro-israélienne de Sarkozy. Que c’était très grave.
Cela dit, je suis un observateur de la chose politique. J’avais déjà accumulé de nombreuses informations lors de la rédaction, l’an passé, d’un petit livre sur le mariage de Sarkozy (2). J’avais suivi sa campagne électorale ; j’avais remarqué comment, grâce à Henri Guaino (3), il avait réussi à se faire passer pour un « gaullien ». Il était parfois libéral dans ses discours. Dans d’autres très protectionniste. La question était : qu’est-ce que cela va donner ?
Par la suite j’ai constaté que la stratégie ouvertement pro-israélienne de Sarkozy, n’avait pas été seulement une tactique pour se faire élire, mais qu’il continuait de s’y tenir. Les résultats sont là. On voit aujourd’hui qu’il s’y est accroché et qu’il est aussi voire plus pro-israélien que ne l’était George W. Bush.
Au mois de janvier 2009 qu’est-ce qu’on a vu ?
Alain Finkielkraut
se faire décorer de la légion d’honneur (4). Et en avril c’était au tour d’André Glucksmann. Et que tout cela était logique, répondant à une logique incroyable !
Et qui voit-on aujourd’hui défiler, au Trocadéro contre le Président Ahmadinedjad ?
On voit les mêmes ! On voit Pascal Bruckner, BHL, Alain Finkielkraut, André Glucksmann, Jack Lang. Bref tout l’entourage pro-israélien de Sarkozy.

Silvia Cattori : BHL ne faisait-il pas partie de l’entourage de Mme Royal ?

Paul-Éric Blanrue : BHL a fait partie de l’entourage de Ségolène Royal durant la campagne électorale, mais pas très longtemps. Elle ne doit pas être considérée comme suffisamment sioniste par le réseau pro-israélien (5). C’est une des rares personnalités politiques à avoir émis des réserves sur le dîner du CRIF.

Silvia Cattori : On sent un vent de liberté chez vous, une énergie toute juvénile, une force, une gravité. C’est fascinant. C’est donc cet alignement de la France sur la politique d’un pays qui prêche la guerre contre ses voisins arabes et l’Islam, qui vous a conduit à réagir ? Est-ce à dire que Sarkozy Israël et les juifs n’aurait jamais vu le jour sans cette alliance entre la France de Sarkozy et Israël ?

Paul-Éric Blanrue : En effet. C’est l’envoi par Sarkozy de cette frégate destinée à empêcher la résistance palestinienne de recevoir des armes qui m’a conduit à réagir. Cette décision m’a paru grave, car nous n’étions plus ici simplement dans le discours.
La France n’aurait jamais agi de cette façon sous la présidence de Jacques Chirac. Ni sous la présidence de François Mitterrand. Même si, avec ce dernier, les choses étaient plus complexes.
Tant que Sarkozy faisait des déclarations destinées à se mettre les musulmans français dans la poche, ou les catholiques (6), nous pouvions mettre cela sur le compte d’une démagogie purement électoraliste. Mais avec l’envoi d’une frégate dans des eaux contrôlées illégalement par Israël, Sarkozy entrait dans l’action.
En 2006 déjà, lors de l’agression israélienne contre le Liban, Sarkozy, alors ministre, avait déjà montré un net parti pris pro-israélien en demandant à Zeev Boïm, ministre israélien en visite à Paris, de « combien de temps » il avait besoin « pour terminer le travail ». Mais alors il n’y avait pas eu d’action concrète, sinon ce parti pris stupéfiant.

Silvia Cattori : Vous avez réussi à rendre accessible à un large public une réalité terriblement complexe. On comprend que 2007, avec l’arrivée de Sarkozy à l’Elysée, marque un tournant. C’est la fin du régime « gaullien ». La France ne sera plus jamais cette nation unique aux yeux du monde ! Finie la résistance aux pressions des réseaux pro-israéliens. Vous vous attaquez à un tabou. Des personnalités en vue qui, par le passé, ont osé l’enfreindre, l’ont chèrement payé. Je pense à Raymond Barre, à Dieudonné, à Tariq Ramadan, à Guigue (7). Les temps sont-ils plus propices aujourd’hui ? N’avez-vous pas pensé que vous marchiez sur un champ frappé d’interdits ?

Paul-Éric Blanrue : Je ne me suis pas posé la question de savoir si c’était dangereux ou pas. Si je me posais cette question, je crois que je ne ferais rien ; je resterais chez moi à regarder la télévision en mangeant des chips. Ca n’a jamais été ma façon de penser ni d’agir. Je ne puis pas vivre sans dire ce que je pense. Je crois qu’il y a en moi une forme d’énergie ou de revendication de liberté, comme Fanfan-la-Tulipe ; un côté mousquetaire. Je ne supporte pas l’injustice ; je ne supporte pas, surtout, la contrainte et l’interdiction de s’exprimer. C’est quelque chose d’épouvantable, cet interdit !
Quand on n’a plus le droit de parler, ça devient très grave. Alors, quand on vit dans un pays où le mot « Liberté » est inscrit sur le fronton de tous les monuments, je crois que, quand même, il faut se dresser. Je crois à la vertu de l’exemple de la personne qui part au combat, « sans peur et sans reproche ». Un côté chevalier Bayard. Mais je ne veux pas me comparer à ces personnages-là parce que, tout de même, je ne fais qu’écrire. Je suis un écrivain, je ne pars pas au combat avec un fusil. Mon fusil, c’est mon stylo. Donc, voila, j’essaie d’être efficace dans mon domaine.
Par ailleurs, je ne suis pas du tout partisan de la guerre ; au contraire, ce livre est également un livre pacifiant, je l’espère en tous cas. Il appelle au calme et à la raison ces représentants de la communauté juive, comme le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), et que je ne confonds pas avec l’ensemble de la communauté juive. Je leur dis qu’ils n’ont pas intérêt à faire monter la tension.
Du reste, on prête beaucoup trop d’importance à ces réseaux pro-israéliens français. Certes ils ont beaucoup d’influence, surtout aujourd’hui où ils sont arrivés au pouvoir grâce à leur homme-lige, grâce à Sarkozy. Mais je pense qu’ils sont en réalité très faibles et divisés. Il y a des tensions énormes à l’intérieur du CRIF. L’ancien président du CRIF, Théo Klein, s’est fait traiter de terroriste par un de ses successeurs. Il suffit d’ailleurs d’écouter Radio J, ou Radio Shalom, - je l’écoutais tous les soirs quand j’écrivais mon livre - pour comprendre l’ampleur des dissensions internes.
Les pro-israéliens se sentent forts parce que certains d’entre eux occupent des postes hauts placés. Un député sur six appartient au Groupe d’amitié France-Israël. Ils ont réussi à faire accourir chaque année le pouvoir politique au dîner du CRIF. Mais rien n’obligeait le président Sarkozy à y aller. Il suffirait que la classe politique dise au CRIF « Nous ne nous rendrons pas à votre dîner annuel » pour que cette influence tombe. Ils sont arrivés au faîte de leur puissance et ils ne peuvent que retomber.

Silvia Cattori : Vous montrez tout cela en perspective. En ce sens, vos réflexions ouvrent une brèche. Elles peuvent conduire ceux qui vous lisent à refuser ce climat d’intimidation et de peur créé par le CRIF et consorts. Vous avez dit : « J’aurai fait tout mon possible pour que ce livre puisse être une base de discussion raisonnable entre deux camps que tout oppose. Il faut que la situation se débloque... ». Quelles sont les chances de sortir de ces blocages, et comment voyez-vous ces deux camps ?

Paul-Éric Blanrue : Je crois que « les juifs » de France - je parle ici non pas de leurs représentants mais de tous les juifs en tant qu’appartenant à la religion juive - vont un jour prendre conscience du fait que le CRIF les manipule. Que le CRIF, qui prétend les représenter, ne les représente nullement. Et que cela leur donne une très mauvaise image. A l’intérieur du CRIF il y a des gens, qui ne supportent plus cette situation. J’ai rencontré hier un journaliste d’un quotidien suisse et d’un hebdomadaire français qui m’a dit « Je ne peux pas faire une interview de toi, car ma rédaction ne le permettrait pas, mais je suis tout-à-fait d’accord avec ce que tu dis ; je suis scandalisé par ce qui arrive aux Palestiniens, et je ne suis pas d’accord avec le fait que le CRIF parle en mon nom ».
C’est pour cette raison que je dis « les juifs » ; car je crois qu’ils peuvent en ce moment agir, être une des sources de salut. Comme disait Léon Bloy : « le salut par les juifs » ! Autrement dit, ils ont, dans l’histoire, souvent eu des caractères, des personnages qui sont sortis du lot. Je ne suis pas religieux du tout, mais si vous voyez le christianisme, c’est une branche qui a rompu avec le judaïsme pour faire tout autre chose, une œuvre civilisatrice à visée universaliste. Il y a eu des personnalités éminentes qui ont rompu avec les synagogues, comme Spinoza ; dans un autre domaine, Karl Marx a lui-même brisé avec son milieu. J’espère que des personnalités vont sortir, et contester le pouvoir du CRIF. J’en appelle à eux parce que, justement, les personnes qui ne sont pas de confession juive, si elles s’entêtent à mener des campagnes, par exemple contre l’existence de la loi Gayssot, ou contre les prérogatives du CRIF, ou contre le dîner du CRIF, seront marginalisées, accusées d’antisémitisme. Donc définitivement disqualifiées, aux yeux des médias en tout cas.

Silvia Cattori : Vous dites « les juifs » comme s’il s’agissait d’une ethnie, comme s’il s’agissait d’un peuple, alors qu’il s’agit d’une religion. Alors, pourquoi ne pas dire « les gens de confession juive » ?

Paul-Éric Blanrue : Je suis entièrement d’accord avec vous. « Juif », c’est d’abord et avant tout une religion. Par le fait du sionisme certains, comme Moses Hess ou Theodor Herzl ont commencé à parler de peuple, d’ethnie ou de race juive. Évidemment c’est une aberration totale. Shlomo Sand l’a très bien montré (8) ; il y a eu une fabrication qui est totalement désastreuse parce qu’elle confond deux choses : une religion millénaire et une idéologie politique destinée à la doubler, voire à la remplacer, ce qu’ont fort bien compris certains rabbins qui se sont opposés au sionisme dès l’origine.

Silvia Cattori : Cette confusion ne sert-elle pas un objectif idéologique bien précis ?

Paul-Éric Blanrue : Oui, l’objectif est très clair. D’abord je dirais que l’objectif principal du CRIF, aujourd’hui, c’est de jouer sur ce terme « juif », sur l’assimilation entre peuple et religion. Je pense ici en particulier à la campagne qu’ils mènent en ce moment pour faire passer la loi appelée « Loi Martin Luther King ». Cette loi, qui est en gestation, vise à assimiler légalement l’antisionisme à l’antisémitisme. Si cette loi passe, cela veut dire qu’en France, l’antisionisme sera considéré comme un délit. Critiquer Israël pourra vous conduire en prison. C’est très grave. C’est l’Union des patrons juifs de France (UPJF), qui soutient ce projet de loi transmis à tous les députés français. C’est le plus fort syndicat sioniste de France - je dis fort dans tous les sens du terme. L’UPJF a élu Sarkozy l’« homme politique de l’année » en 2006, un an avant la présidentielle.

Silvia Cattori : Avant vous, à ma connaissance, en France, voire en Europe, aucun auteur n’avait jamais traité cette question des réseaux pro-israéliens. Vous montrez comment des personnalités politiques haut placées font passer les intérêts d’Israël et des États-Unis avant ceux de leur pays ! On voit comment Sarkozy en vient à renverser les valeurs de la République française. Et en quoi il y a là double allégeance. Toutes choses d’une extrême gravité. Et on se dit avec étonnement : comment se fait-il qu’il ne se soit trouvé personne avant vous, y compris dans l’opposition, pour dénoncer ces dérives ?

Paul-Éric Blanrue : Il n’y a eu personne parce que les gens sont en général terrorisés, moralement, mentalement, professionnellement. Mon éditeur est un Belge, ce n’est pas par hasard ! Lui au moins ne peut pas subir les foudres de Sarkozy. Ces foudres peuvent être multiples ; aller du redressement fiscal, aux convocations à la police, à la garde à vue, et à la perte de son emploi.

Silvia Cattori : Vous ne craignez pas ces foudres ?

Paul-Éric Blanrue : Non, je ne les crains pas. Non, je ne crains rien. J’irais écrire à l’étranger s’il le fallait. S’il faut partir, je partirai. S’il faut s’exiler, je m’exilerai, ce n’est pas grave. Je gagne ma vie en écrivant. Je peux écrire partout, même dans le désert. Il est important que ce livre soit diffusé en France. Il est dans toutes les librairies belges. Il sortira au Canada. Il va être mis en vente au Moyen Orient, en Amérique du sud, dans les pays anglophones. Pourquoi les Français ne l’auraient-ils pas ?

Silvia Cattori : Vous le montrez fort bien. Sarkozy a toujours laissé entendre ce qu’il projetait d’accomplir d’inquiétant. Il n’a jamais caché qu’il allait mettre Israël au centre de tout ; et la France au service du projet unipolaire des Etats-Unis. Il a laissé entrevoir, bien avant d’être candidat, qu’il se consacrait au lobbying en faveur d’Israël ; que les cibles désignées par Israël - les forces de résistance anticoloniales du Hamas, du Hezbollah, les opposants Frères musulmans au régime dictatorial de Moubarak, l’Iran - allaient être également ses cibles prioritaires. Cela, curieusement, n’a jamais fait réagir ses opposants socialistes ! Je me souviens que Nicolas Dupont-Aignan, avait eu, lui, l’honnêteté de dire en 2007 : « Nous sommes à la veille d’un changement profond de la politique étrangère de la France si M. Nicolas Sarkozy ou Mme Ségolène Royal devaient être élus ». (9) Êtes-vous d’accord avec cette symétrie entre les deux grands partis ?

Paul-Éric Blanrue : Nicolas Dupont-Aignan avait raison. Élue, Ségolène Royal n’aurait pas été seule à gouverner. Certes, elle n’a pas exactement la même vision des choses que Sarkozy sur le Proche Orient, je la crois beaucoup plus prudente. En revanche, elle aurait été entourée de conseillers, de ministres qui, eux, sont liés au réseau pro-israélien. Est-ce qu’elle aurait eu la force, l’intelligence, la culture, pour résister à leur pression ? Je n’en suis pas certain. Il ne faut pas oublier que Bernard Kouchner était au Parti socialiste. C’est lui que Ségolène Royal aurait probablement nommé comme chef de la diplomatie étrangère.
Vous avez vu le tollé quand Sarkozy avait laissé croire - encore une fois très fin, très malin - qu’il hésitait entre Védrine et Kouchner. Le nom d’Hubert Védrine avait tout de suite soulevé des protestations à Jérusalem. Le Jérusalem Post avait titré « Nous sommes choqués ». Un journaliste français de la télévision BFM, qui était sur place, rapportait à l’époque que M. Kouchner était vu là-bas comme plus « israélo-compatible qu’Hubert Védrine ».

Silvia Cattori : Ce n’est donc pas la tendance gauche ou droite qui prime, mais le fait que tel politicien est clairement identifié comme sioniste ?

Paul-Éric Blanrue : Exactement. Les réseaux pro-israéliens ont misé sur Sarkozy depuis très longtemps mais ils n’ont pas mis tous les œufs dans le même panier. Ils ont leurs poissons pilotes dans tous les partis : Strauss-Kahn et Sarkozy, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. C’est la raison pour laquelle Sarkozy, aujourd’hui « roi des sionistes », arrive à débaucher des socialistes ou des centristes. La grille de lecture du gouvernement, c’est qu’il est sioniste et que la plupart les gens qu’il nomme, y compris dernièrement Frédéric Mitterrand, sont des amis décomplexés d’Israël.

Silvia Cattori : Ils peuvent aussi se montrer pro-israéliens par opportunisme ?

Paul-Éric Blanrue : Alors là, je n’ai pas du tout sondé les cœurs et les reins de Sarkozy et de tout son entourage ! Je pense que Sarkozy agit plus par opportunisme que par tradition familiale. Anecdote amusante, j’ai rencontré dernièrement, sur la place Péreire, près des Champs-Elysées, Patrick Buisson, un homme brillant, un des conseillers de Sarkozy durant la présidentielle. Sarkozy avait le choix entre capter les voix du centre ou capter les voix de l’extrême droite, c’est-à-dire les voix de Le Pen. Et Patrick Buisson qui, lui-même, vient de la « droite nationale » (il avait une fonction importante à l’hebdomadaire Minute) lui a conseillé de pêcher les voix de Le Pen. Seulement, pour prendre les voix de Le Pen, il fallait tenir un peu le discours de Le Pen sur les immigrés, les banlieues ; en parlant de les « nettoyer au karcher », il allait encore plus loin que Le Pen !. Mais comment faire pour ne pas être considéré comme raciste et pour qu’il n’y ait pas une campagne contre lui dans toute la presse française qui l’assimile à Le Pen ? Eh bien, c’est très simple : il se présente comme sioniste. Autrement dit, il a avec lui, par exemple, la LICRA (Ligue contre le racisme et l’antisémitisme), dont le président est Patrick Gaubert, qui est un de ses meilleurs amis, un sioniste militant lui aussi. Vous voyez ?
J’ai remis mon livre à M. Buisson ; quand il a lu le titre, il m’a dit « Mais, vous savez, Nicolas Sarkozy ne se sent pas spécialement juif, il se sent immigré hongrois ». Je lui ai répondu : « C’est exactement ce que je dis, c’est par opportunisme, c’est par démagogie, ou en tout cas par intérêt politique, qu’il est allé vers le lobby pro-israélien, américain d’abord, pour ensuite faire sa tournée en Israël, et se présenter comme la valeur refuge des sionistes français ». J’ai ajouté qu’évidemment, comme il soutenait Israël, il espérait le soutien d’Israël en retour. Et là M. Buisson m’a dit « Ah, évidemment, c’est vrai qu’il soutient Israël, on ne peut pas dire le contraire ». Il disait ça sur un ton presque désabusé, mi-ironique.

Silvia Cattori : Pas de réactions judiciaires ? Pour bien moins, le simple sketch de l’humoriste Dieudonné en 2003 avait déclenché une avalanche de procès. L’Etat s’en était mêlé, ce qui avait conduit Dieudonné à être poursuivi par une ribambelle de tribunaux. L’antisémitisme trop galvaudé n’est-il plus un argument qui porte ?
Votre avocat, Maître John Bastardi Daumont, a qualifié le refus par le milieu de l’édition française de diffuser votre livre, de « censure par le vide » (10) N’est-ce pas là le signe que les droits fondamentaux sont menacés en France ? Peut-on parler de censure politique pour autant ?

Paul-Éric Blanrue : L’excellent et très courageux John Bastardi Daumont, qui bataille avec ardeur à mes côtés, a trouvé là le mot juste. Mais attention, mon livre n’est pas interdit, au sens légal, je ne peux pas parler de censure politique. Je ne connais pas la raison exacte pour laquelle il n’a pas été diffusé. Cela dit, mon livre est très posé, ce n’est pas du tout un pamphlet, je donne 500 références. Sa non diffusion en France reste donc une chose bizarre. Mais surtout, les journalistes français, eux, auraient dû en parler, auraient dû se dire « Tiens, un livre qui parle de Sarkozy qui n’est pas diffusé en France, c’est très étonnant ! » Or pas un journaliste français n’en a soufflé mot alors que, l’année dernière, quand j’ai publié deux livres - Carla et Nicolas, Chronique d’une liaison dangereuse et Jérôme Kerviel seul contre tous- j’ai eu une très large couverture médiatique.
On a voulu faire le silence total sur mon livre. Ce qu’ils ne savent pas est que mon livre en est déjà à la seconde édition. J’introduis des corrections, mon avocat y ajoutera une préface, où il expliquera dans le détail le concept de censure par le vide. On est en bonne voie pour trouver un diffuseur français. Le livre est traduit en anglais, en espagnol et en arabe.
Quant à l’accusation, fausse, d’antisémitisme, face à des gens qui ne le sont pas, elle ne porte plus du tout, en particulier chez la jeune génération. C’est un argument trop daté, qui a été trop utilisé. Les jeunes, sur internet, ont trouvé un petit gimmick pour se moquer des gens qui utilisent cet argument, ce sont les « points Godwin »... C’est comme un joker ; on dit : « Tu as utilisé l’argument d’Hitler tu as perdu, tu es éliminé automatiquement du débat » !
On l’a vu avec le livre de Pierre Péan sur Kouchner (11). Cela n’a pas marché. Cet argument ne fonctionne plus. Je suis totalement décomplexé et j’appelle les Français à l’être tout autant.

Silvia Cattori : Vous étiez-vous attendu à ce bannissement humiliant ?

Paul-Éric Blanrue : Ce n’est pas du tout humiliant ! Au contraire c’est honorifique ! Cela montre que j’ai vraiment touché la cible au coeur.

Silvia Cattori : Vous avez dit n’avoir peur de rien. Pourtant, j’ai noté que les gens qui vous lisent et vous apprécient ont peur pour vous. Ils vous qualifient de « courageux ». Ce qui laisse penser qu’il faut du cran pour parler d’Israël et de ceux qui légitiment ses crimes. Vous parlez d’une réalité très inquiétante, faite de manipulations et d’impostures dont l’objectif machiavélique n’est-il pas de préparer la prochaine guerre ? Cela vous honore mais vous expose ?!

Paul-Éric Blanrue : Ce livre est apprécié parce qu’il vient confirmer ce que les gens pressentent, comprennent, mais n’osent expliciter, ou ne le peuvent par manque d’information. En ce qui concerne la prochaine guerre, je crois effectivement qu’Israël se croit obligé, pour survivre, d’entretenir un climat belliqueux permanent. Il y a des divisions en Israël aussi. En fait, ce qui leur permet d’assurer leur cohésion, c’est la désignation d’un ennemi commun, hier Saddam, aujourd’hui Ahmadinedjad.

Silvia Cattori : L’échec de la politique du « Grand Moyen-Orient » de Bush, le discrédit et l’affaiblissement des USA, sont un sujet de préoccupation pour les autorités israéliennes. Sarkozy n’est-il pas arrivé pile, comme un miracle pour Tel Aviv ?

Paul-Éric Blanrue : Miracle préparé tout de même de longue date. Depuis la seconde Intifada, en 2000, ils ont misé sur Sarkozy, sur le bon cheval ; et lui, il a vu tout l’intérêt politique qu’il pouvait en tirer.
C’était donnant donnant. Lui, il s’est dit : je vais être porté au pouvoir grâce aux réseaux ; et les états-majors israéliens se sont dit : une fois que nos amis seront arrivés au pouvoir nous allons avoir un pays de plus dans notre escarcelle pour soutenir l’axe Israël/Etats-Unis.
Ils ont gagné sur toute la ligne, pour le moment. Leur seul problème est que Sarkozy n’avait pas prévu ce que dirait Obama. On pensait qu’Obama allait être un bon pro-israélien, un bon sioniste avec Emanuel Rahm à ses côtés.
Cela dit, attention, il se peut que Sarkozy soit comme le poisson pilote de Washington. Qu’il soit celui qui va plus loin que l’administration Obama pour tâter le terrain.

Silvia Cattori : Nous venons de le vérifier avec l’Iran ! Là où des dirigeants un peu rationnels, comme Obama, sont restés d’abord très prudents, réservés, les pro-israéliens, ce réseau sioniste que vous avez très bien identifié, les ont forcés à crier avec les loups. Sarkozy ne s’est-il pas ridiculisé en convoquant deux diplomates iraniens ? Voulait-il faire oublier ce qui est au cœur du problème : la Palestine ?

Paul-Éric Blanrue : Oui, bien sûr. C’est une opération de diversion par rapport aux excès de l’armée israélienne en Palestine. Les mêmes qui ont justifié Gaza, sont ceux qui vont défiler contre l’Iran. Sarkozy est ridicule mais, pour le moment, les Français ne s’en aperçoivent pas. Pour le moment, je suis l’enfant du conte d’Andersen qui dit « le roi est nu ». C’est un peu mon statut ; tout le monde voit qu’il est obsessionnellement pro-israélien mais personne n’ose le dire.

Silvia Cattori : Les plans de guerre de Sarkozy - Kouchner contre l’Iran sont-ils toujours sur la table ?

Paul-Éric Blanrue : C’est sûr qu’ils vont tout essayer pour déstabiliser ce pays dans les prochaines années. Israël a l’Iran en tête. La France va tout faire pour aider Israël. Mais je crois qu’avec l’Iran, ils sont tombés sur un os. Certains ont essayé de déstabiliser l’Iran de l’intérieur : ils n’y sont pas arrivés. Ils n’y parviendront pas. Il peut y avoir une guerre. Mais les Etats-Unis n’attaqueront pas l’Iran, je crois. Ils ont quantité d’autres possibilités pour déstabiliser l’Iran.

Silvia Cattori : Cette emprise du réseau pro-israélien en France s’est accentuée au moment même où, aux USA, les néoconservateurs avaient perdu de leur allant. Au moment aussi où Bush, l’allié d’Israël, battait de l’aile. Sarkozy ne s’est-il pas démené pour sortir Israël de ce mauvais pas ? Ne se prend-il pas pour le chef du réseau des néoconservateurs pro-israéliens dans le monde ?

Paul-Éric Blanrue : C’est une très bonne définition. Il est devenu le remplaçant de Bush. J’ai l’impression que la stratégie israélienne est une stratégie de fuite en avant désespérée ; je vois que les peuples du monde entier se révoltent. Souvenez-vous de la conférence « Durban II » [12]. Les sionistes s’y sont préparés durant trois ou quatre ans pour la déstabiliser. Ils ont fait un flop.
Le jour où les Etats-Unis comprendront qu’Israël leur est préjudiciable, ce qui lui pend au nez, c’est la fin du soutien financier et militaire. S’ils coupent les fonds, que va devenir Israël ? Ce n’est pas la France qui peut soutenir financièrement l’effort militaire d’Israël !

Silvia Cattori : L’accord militaire signé entre la France et l’Émirat d’Abu Dhabi, lors de l’inauguration par Sarkozy d’une base militaire, n’a-t-il pas placé la France aux avant-postes d’un éventuel conflit avec l’Iran ?

Paul-Éric Blanrue : C’est exactement le sujet de mon livre. Sarkozy met la pression sur l’Iran, parce que c’est un pays qui, sur le plan géostratégique, n’est pas contrôlé par les États-Unis. Jointe à ces raisons il y a la question métaphysico-politique d’Israël qui, lui, a ses propres intérêts. Je crois que Sarkozy est devenu plus pro-israélien que pro-américain. Il veut devenir le nouveau Bush.

Sarkozy nous entraîne dans une course effrénée vers la guerre.

J’aimerais maintenant que les questions graves que je soulève dans Sarkozy, Israël et les Juifs soient mises sur la table, que l’on puisse en discuter avec les responsables politiques. Et que l’on nous explique où nous allons maintenant que la France soutient Israël ! Rappelez-vous Kouchner qui avait proclamé en 2007 que l’alternative « c’est la guerre ».
Israël et ses amis sont persuadés que la guerre leur permet d’exister. Ils ne peuvent pas exister sans cela. S’ils ne bougent pas, ils se dégradent, ils se liquéfient. Ils sont obligés d’être toujours à l’attaque. S’ils sont dans la moindre position défensive pour Israël, ils sont perdants.
Ils doivent attaquer en permanence.
C’est pour cela qu’ils perdront.


Silvia Cattori : Sans Bernard Kouchner, sans sa diplomatie brutale, violente, sans son vernis « socialiste », Sarkozy aurait-il pu réussir à faire avaler aux Français cet asservissement total à Israël et cette formidable animosité à l’égard de tous les États qui représentent un obstacle au projet atlantiste, Tel Aviv - Paris - USA ?

Paul-Éric Blanrue : Les Français se désintéressent de la politique étrangère. Sans Kouchner, il y en aurait eu un autre, et ça se serait passé de la même façon. Sarkozy a été programmé pour accomplir un programme précis : il l’a fait. S’il cessait de donner des signes forts d’adhésion à Israël, il est probable que les réseaux qui l’ont aidé à accéder au pouvoir le laisseraient tomber. Il n’a aucun intérêt à les décevoir. Il va donc continuer, puisqu’il veut manifestement se faire réélire en 2012.

Silvia Cattori : L’appellation « Sarkozy l’Israélien » prend donc tout son sens ?

Paul-Éric Blanrue : Vous savez que ce n’est pas moi qui l’ai le premier appelé « Sarkozy l’Israélien », ce sont certains cercles israéliens.

Silvia Cattori : En conclusion, la politique de Sarkozy peut avoir de graves conséquences sur la politique intérieure, si la « Loi Martin Luther King », devait passer. Et, sur le plan extérieur, alors que l’indépendance de décision de la France a déjà été compromise par son retour dans le commandement intégré de l’OTAN, l’alignement de Sarkozy sur Tel Aviv conduit la France sur un chemin très dangereux : à se faire la complice de ces opérations de déstabilisation criminelles engagées par le Mossad, pour assurer - comme vous l’avez dit - le « climat belliqueux permanent dont Israël a besoin pour survivre ». C’est-à-dire à favoriser le déclenchement de nouvelles guerres. N’est-ce pas cela le plus grave ?

Paul-Éric Blanrue : En France, Sarkozy dirige tout, ou en tout cas, tente de le faire car en réalité ses moyens d’action sont limités par la crise, par l’Europe, etc. Il gesticule beaucoup. On l’entend tous les jours ou presque à la télévision, comme s’il était une speakerine. Mais même si ses moyens d’action ne sont pas aussi importants que certains le redoutent, il a encore la capacité de nous entraîner dans une nouvelle guerre, car il reste le chef des armées ! Sur ce plan, mon livre tire la sonnette d’alarme. Je veux informer les Français des risques encourus par notre pays.
Plus la France soutient Israël, plus nous risquons d’entrer un jour en guerre à ses côtés, au Liban, en Iran ou ailleurs.

Mais pour m’entendre, encore faudrait-il que mon livre soit diffusé dans mon propre pays ! Il y a des jours où je me demande où est passée la France. Heureusement, je suis optimiste de nature. Et, comme historien, je sais qu’aucun combat n’est jamais perdu d’avance, surtout dans notre pays, parfois long à la détente, mais qui a la tête dure.
Silvia Cattori

(*) Sarkozy, Israël et les juifs, Éditions Marco Pietteur, 2009 (sans diffuseur en librairie en France, vente exclusive par correspondance).
http://www.oserdire.com/, http://sarkozyisraeletlesjuifs.blogspot.com/....
(**) Figure du mouvement anti-impérialiste, Jean Bricmont est professeur de physique théorique à l’Université de Louvain (Belgique). Il a notamment publié « Impérialisme humanitaire. Droits de l’homme, droit d’ingérence, droit du plus fort ?, (Éditions Aden, 2005).

[1]
La France participera au Blocus de Gaza, sindibad.fr, 24 janvier 2009.
[2] Carla et Nicolas : Chronique d’une liaison dangereuse (avec Chris Laffaille). Scali, 2008.
[3] Et Henri Guaino est, depuis le 16 mai 2007, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy et l’auteur de tous ses discours.
[4] Elévé par Sarkozy, le 1er janvier 2009, au grade d’officier de la Légion d’honneur.
[5] Voir :
http://www.dailymotion.com/video/x81hoi_lorsque-le-lobby-juif-francais-parl_news...
[6] Visite officielle au Pape en décembre 2007.
[7] Voir sur :
- Raymond Barre :
Raymond Barre se dit injustement accusé d’antisémitisme, saphirnews.com, 7 mars 2007.
- Tariq Ramadan :
Oui Monsieur Tariq Ramadan est un antisémite, licra.org, 27 octobre 2003.
- Bruno Guigue : Bruno Guigue l’honnête homme, sanctionné, par Silvia Cattori.
silviacattori.net, 26 mars 2008.
[8] Shlomo Sand :
Comment le peuple Juif fut inventé », Ed. Fayard.
[9] Voir : Nicolas Dupont-Aignan : “
Il est temps que la France sorte de l’OTAN”, par Silvia Cattori, Réseau Voltaire, 30 janvier 2007.
[10] Voir :
LA CENSURE PAR LE VIDE - Réaction de Me John Bastardi Daumont, Avocat de Paul Eric Blanrue, auteur de "Sarkozy, Israël, et les Juifs", 30 mai 2009.
[11]
Le Monde selon K., de Pierre Péan, Ed. Fayard.
[12] Voir :
Le document final de Genève ne répond pas aux aspirations des peuples, par Silvia Cattori et Sandro Cruz, Réseau Voltaire, 28 avril 2009.